Combien de temps s’est écoulé depuis que Jessy Barrymore a disparu de la circulation ? Je ne parle pas du moroï mais bel et bien du strigoï. Des semaines ? Des mois ? Deux longues années. La dernière fois qu'on m'a aperçu, c’était à une soirée avec Irina qui a mal tourné. Peut-être aurait-elle pu se finir dans un lit ou contre un mur avec nos deux corps torrides en train de s'enlacer. Peut-être pas. On ne le saura jamais puisqu'une fois de plus, l'unité 101 a débarqué et gâché la partie. J'ai encore du mal à savoir si Elisa est ravie du changement qui s'est effectué en moi ou si elle préférait l’ancienne version. Qu'importe. Il y a un troisième Jessy à présent : celui qui ne se souvient de rien. Je crois que l'ordre ne vient pas d'Elisa mais encore une fois… peu importe. Ce nouveau Jessy est version qui mélange le côté sage et le côté sauvage. On pourrait presque croire que ce Jessy-là est normal, mais rien n’est aussi simple. On ne se débarrasse pas d’un trouble de la personnalité en claquant des doigts.
Que suis-je devenu au cours de ces deux ans passés loin de ma femme ? J'ai passé la première année enfermé dans leur centre et ensuite… J'ai beaucoup voyagé. On m'a fait traverser le monde : Espagne, Mexique, Japon, Italie et bien d’autres pays encore. Je ne restais jamais plus de quelques semaines au même endroit, cela faisait partie des règles que je devais scrupuleusement suivre. Étonnant, je ne me suis jamais imaginé du genre à suivre une quelconque règle, pourtant j'étais un brave soldat. Il y aussi cette femme qui m'accompagne à chacun de mes déplacements : Chloé Beckley. Une blonde aux yeux verts qui est aussi belle que douée au combat. Mon épouse apparemment. Bizarrement je me suis toujours dit que les brunes étaient beaucoup plus mon style mais… Chloé n’est pas le genre de femme que l’on repousse et j’imagine que je ne lui aurais pas offert une bague si elle ne me plaisait pas. Pourtant chaque fois qu’on couche ensemble, je ressens au plus profond de moi qu’il me manque quelque chose, que la situation actuelle ne devrait pas être ainsi et je pense qu’elle le ressent. Pauvre Chloé, ça ne doit pas être facile pour elle de partager sa vie avec un foutu amnésique et pourtant pas une seule fois elle ne m’a abandonné, essayant de me rappeler quelques souvenirs de notre passé ensemble.
Une fois de plus notre mission s’est terminée avec brio. Un groupe de six strigoïs a été mis hors d’état de nuire et se fait actuellement transporter vers l’unité. Chloé voulait fêter cette nouvelle victoire comme il se doit : elle et moi partageant quelques verres avant de tester tous les meubles de notre chambre d’hôtel. Ce soir je ne suis pas d’humeur. Je me suis contenté de dire à Chloé que j’allais chercher des clopes mais je ne suis pas revenu. Tant pis pour la crise de nerfs que j’aurais à affronter demain. Marchant sur le sable chaud d’une plage des Caraïbes, je repense à ces strigoïs que nous avons affrontés. Lorsque Chloé était occupée à régler leur transfert, l’un d’entre eux m’a appelé par mon nom. Je ne le lui ai pourtant jamais donné. Il m’a interpellé et m’a dit qu’Irina était en route pour me voir, qu’elle serait là ce soir, sur cette plage et que tout allait s’arranger. Je n’ai pas compris un traitre mot de ce que m’a dit cet homme mais il m’a suffisamment intrigué pour que je tente ma chance. Tant pis si c’est un piège.
Je m’arrête au beau milieu de la plage vide à une heure aussi tardive. Je sors une cigarette de mon paquet que j’allume, inspirant longuement la fumée dans mes poumons avant de la souffler. Moroï ou strigoï, certaines habitudes ne changent pas. Je suis toujours autant accro à la nicotine, ou peut-être que la dépendance n’existe plus et que c’est seulement une habitude de mon ancienne vie que j’ai conservé. J’attends mais personne ne daigne se montrer. Peut-être que cette Irina n’existe pas. Peut-être que cet homme a seulement voulu me faire perdre mon temps. Je m’apprête à partir au moment où j’écrase ma cigarette sous ma chaussure mais je ressens une présence dans mon dos. J’imagine que je vais bientôt être fixé. « Une strigoï donc… » Voilà tout ce que je trouve à dire lorsque l’odeur si particulière de cette espèce remonte à mes narines. « J’imagine que vous êtes au courant que votre espèce ne fait pas long feu avec moi. » Et pour accompagner mes mots, je sors de ma veste l’un de mes zippos que je tiens dans ma main droite. Tu dois forcément le sentir Irina, n’est-ce pas ? Je ne suis pas totalement comme toi, pas totalement comme avant non plus. C’est fou ce que la science est capable de faire lorsqu’elle a des cobayes entre les mains. Je me tourne pour faire face à cette magnifique brune. Dommage qu’elle soit strigoï. Dommage que je ne me souvienne de rien. « Vous avez une minute pour me convaincre de ne pas vous cramer sur place. »
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Irina Barrymore
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Sujet: Re: Changements Sam 4 Avr - 17:31
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Jessy Barrymore
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Sujet: Re: Changements Sam 4 Avr - 22:07
Changements Irina & Jessy
Qu’est-ce que tu fais là Jessy ? Depuis quand est-ce que tu écoutes des strigoïs ? Regarde ton téléphone, tu dois probablement avoir une dizaine d’appels manqués de Chloé. Retourne la voir avant qu’elle ne s’inquiète… Cette petite voix essaie de me convaincre de faire les choses bien mais elle n’est pas la seule à parler. La seconde voix me rappelle que ce strigoï connaissait mon nom. Elle me rappelle qu’une certaine Irina m’attend et que tout va s’arranger. Mais qu’est-ce qui doit s’arranger au juste ? La manière dont il me regardait a failli me convaincre qu’il parlait de moi sauf qu’il n’y a rien à arranger. Je ne suis pas brisé. Je suis même au sommet de ma forme si ce n’est que… que rien du tout. Alors la première voix me repose la question : s’il n’y a rien à arranger, que fais-tu là ?
La cigarette ne me calme pas. Sa voix en revanche… Elle sonne étrangement à mes oreilles. Douce et mélodieuse mais je ne me ferais pas avoir. Les strigoïs sont ainsi, suffisamment parfaits pour mieux pouvoir berner leurs cibles. Mon regard se pose sur elle et je ne la reconnais pas. Je ne sais pas qui est cette femme et pourtant elle semble me connaître, d’après ses mots en tous cas. Mes traits se tirent lorsqu’elle évoque Chloé. Qui est-elle pour parler de ma future femme de cette façon ? Mes yeux se plissent et expriment clairement qu’elle se dirige vers un terrain glissant. « Quel terrible commencement… Insulter mon épouse vient de te faire perdre quinze secondes. » Terminé le vouvoiement, je n’ai jamais été doué pour ces formes de respect. Si tu estimes que soixante secondes ne suffiront pas à me convaincre de ne pas te tuer, débrouille-toi maintenant avec ces quarante-cinq secondes.
Elle reprend la parole, essaie encore de me faire croire que nous avons beaucoup de souvenirs ensemble, à moins que ce ne soit qu’un stratagème pour lui laisser plus de temps… Pourquoi a-t-elle l’air si sincère ? Je tiens toujours mon briquet entre les mains même si aucune flamme n’est allumée. Il me suffirait d’une seconde pour le faire et d’une seconde supplémentaire pour abattre le feu sur elle. Pourtant elle reste là, malgré les risques, malgré les menaces… Elle me demande de quoi je me souviens et je me demande comment elle peut être au courant pour l’accident qui a causé ma perte de mémoire. Je fronce les sourcils lorsqu’elle se met à parler d’une sœur avant d’éclater de rire. « Vraiment ? La carte du ‘toi et moi on s’envoyait en l’air’ ne fonctionne pas alors maintenant tu essaies de m’atteindre avec celle de la petite sœur imaginaire ? » Mais imaginaire elle ne l’est pas, autrement comment aurais-je pu savoir que cette sœur est née après moi alors qu’Irina ne me l’a pas mentionné ? Je ne fais même pas attention aux mots que j’ai prononcés.
Non à la place j’agis. Mon briquet se retrouve à nouveau dans ma veste et c’est un Beretta que je charge et pointe dans sa direction. Peut-être qu’une arme à feu lui paraîtra plus dangereuse qu’un simple briquet. « J’ignore qui t’envoie et qui t’a informé de mon amnésie mais sache une chose : l’unité m’a prévenue de ce que vous tenteriez de faire. » Elle, son groupe, peu importe avec qui elle travaille. Est-ce moi ou tes sourcils se froncent ? Laisse-moi t’expliquer un peu mieux la situation. « Quoi de mieux qu’un soldat qui a perdu la mémoire pour lui inventer de faux souvenirs, le rallier à votre cause et le pousser à trahir les siens. » L’ancien Jessy serait probablement en train de vomir s’il voyait à quel point le nouveau Jessy a des œillères mais que voulez-vous… En deux ans l’unité a eu le temps de faire du bon travail. « Je ne vais pas te tuer Irina, enfin si tel est bien ton prénom. J’imagine qu’ils le découvriront puisque je vais te ramener à eux. » Est-ce que cela faisait partie de ton plan ? J’en doute fortement. « Tu pourras sûrement passer le bonjour à tes petits camarades qui n’ont pas fait long feu aujourd’hui. » Mon arme toujours braquée dans sa direction, je m’écarte un peu pour lui indiquer la direction à suivre. « Les dames d’abord. »
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Irina Barrymore
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Sujet: Re: Changements Dim 5 Avr - 11:07
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Jessy Barrymore
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Sujet: Re: Changements Dim 5 Avr - 13:03
Changements Irina & Jessy
A nouveau cette strigoï insulte Chloé. Soit elle est vraiment sûre d’elle, soit elle est suicidaire, je ne vois pas de troisième option possible. Je prends sur moi pour ne pas m’en prendre à elle ici et maintenant. Personne n’insulte les personnes qui comptent pour moi et en ressortent indemnes. Quand bien même la situation soit compliquée avec Chloé, je ne laisserais pas une inconnue lui manquer de respect. « Tu t’avances sur un terrain glissant… » Je l’informe les dents serrées, prenant sur moi pour rester impassible malgré mon envie d’activer la flamme et de la faire flamber sur place. Je pourrais le faire Irina et en tant que strigoï tu n’aurais pas la capacité de résister au feu.
A mesure qu’elle parle mes sourcils se froncent. C’est lorsqu’elle insiste sur les mots ‘petite sœur’ que je me rends finalement compte l’avoir employé avant elle. Comment est-ce que… Ne la laisse pas te déconcentrer Jessy, c’est exactement ce qu’elle cherche. Sauf qu’elle poursuit, évoque le prénom de Sarah qui sonne étrangement à mes oreilles. J’ai l’impression qu’un souvenir bloqué au plus profond de moi essaie d’émerger dans ma mémoire sans être pour autant capable d’en sortir et ça me donne un mal de crâne monstrueux. Puis elle parle d’elle au passé et c’est tout ce que je trouve à relever. « Aurait ? » Sarah serait donc morte ? Pourquoi cette nouvelle semble m’attrister ? Je ne sais même pas qui est cette Sarah. Je ne sais même pas si elle existe vraiment. Bon sang Jessy ne la laisse pas te manipuler !
Un sourire apparaît sur son visage et je sors mon arme que je braque immédiatement vers elle. Je ne dis rien. C’est elle qui reprend la parole. Elle qui tente de me faire croire qu’elle me connaît mieux que personne. Elle qui tente de me faire croire qu’elle ne fait partie d’aucune guerre et qu’elle est là uniquement pour moi. Pourquoi ? Pourquoi prendre tous ces risques pour une seule personne qui semble avoir tout oublié d’elle ? La réponse arrive rapidement. C’est parce qu’elle porte mon nom. Je l’observe à nouveau, mes yeux braqués sur elle à la recherche d’une faille, d’un signe qui démontrerait qu’elle se moque de moi. Mes maux de crâne s’intensifient à mesure qu’elle continue, qu’elle m’avoue préférer la mort au fait de vivre sans moi. « Tais-toi… » Je prononce ces mots à voix basse, sans me rendre compte que mon bras s’abaisse lentement et que ma main tremble. Mais il suffit qu’elle se remette à parler de Chloé pour que je me reprenne. Je la braque de plus belle mais mes yeux me trahissent. Le doute s’est immiscé dans mon esprit.
Irina me propose de l’appeler. Elle devine sans doute que je ne l’amènerais pas jusqu’à Chloé s’il y a un risque qu’elle s’en prenne à elle. Quel va être ton choix Jessy ? Si tu décides de l’appeler, tu fais exactement ce que te demande cette strigoï et c’est elle qui l’emporte. Si tu ne l’appelles pas, tu resteras avec ce doute qui te rongera jusqu’à l’os. Plusieurs secondes s’écoulent sans que je ne fasse rien, sans que je ne dise rien et finalement… je décide d’attraper mon téléphone de ma main libre. « Ne fais pas le moindre bruit. » Ce n’est pas réellement une menace, Irina a tout intérêt à jouer dans mon camp si elle veut que je la crois. Je remarque les cinq appels manqués de Chloé et les douze messages envoyés que je ne prends pas le temps de lire avant de l’appeler. Son téléphone ne sonne qu’une fois avant qu’elle ne décroche et me demande ce que je fabrique. « Sarah Barrymore, ça te dit quelque chose ? » Je la coupe dans son hystérie avec ma question et tout à coup Chloé devient muette. Elle me demande de quoi je parle, de rentrer à la maison pour qu’on en discute calmement tous les deux. « Réponds seulement à ma question Chloé. » Elle a encore une seconde d’hésitation avant d’avouer que Sarah était ma petite sœur et que les médecins ont demandé à ce qu’elle ne dise rien afin de ne pas affecter ma mémoire avec de mauvais souvenirs. Je ne la laisse pas aller plus loin, je raccroche en brisant le téléphone dans ma main avant de laisser retomber les morceaux à mes pieds.
« Je ne te fais toujours pas confiance. » Ces mots sont bels et bien adressés à Irina. Même si elle a démontré avoir raison, je ne peux toujours pas être sûr de ses véritables intentions. Néanmoins je décide de ne plus me comporter comme son ennemi et range mon arme. Je saurais parfaitement me défendre contre elle si la strigoï décidait de se retourner contre moi. « Je veux des preuves de ce que tu avances. Si toi et moi avons été mariés alors il doit bien y avoir des traces quelque part, non ? Des photos de nous ? Des papiers signés ? N’importe quoi. » J’ai besoin de preuves pour savoir qu’on ne cherche pas à me manipuler à nouveau. Si tu es véritablement ma femme tu devrais être amenée à comprendre cela.
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Irina Barrymore
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Sujet: Re: Changements Dim 5 Avr - 14:45
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Jessy Barrymore
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Sujet: Re: Changements Dim 5 Avr - 15:51
Changements Irina & Jessy
Je déteste ne pas être maître de la situation et depuis ma perte de mémoire j’ai la sensation de moins en moins contrôler les choses. Je ne contrôle pas ma vie. Je ne contrôle pas cette femme. Je ne contrôle pas mes réactions face à ce qu’elle peut dire. Sarah est morte… Pourquoi est-ce que ces mots me font si mal alors que je ne me souviens même pas de qui est Sarah ? Elle continue, essaie de me rappeler à quel point j’adorais cette petite sœur et tout ce que j’aurais été prêt à accomplir pour elle. Ses mots me touchent plus que je ne le voudrais et je déteste cela. Je déteste cette impression de devenir fragile face à une possible adversaire. Je veux savoir comment Sarah est morte mais pas ici, pas tout de suite alors qu’elle me propose de contacter Chloé et de lui parler d’elle.
J’aurais tellement aimé qu’Irina se trompe… J’aurais aimé découvrir que Chloé ne m’a pas menti, qu’elle ne m’a pas caché la vérité, peu importe les bonnes raisons qui auraient pu la pousser à faire ce choix. J’en veux à Chloé de lui donner raison, énormément. J’en veux à Irina de me balancer tout ça en pleine figure, ou peut-être que je lui en veux de ne pas l’avoir fait plus tôt. Je ne sais pas, à vrai dire je ne sais plus grand-chose à cet instant. Irina semble vouloir accorder un point à Chloé pour ne pas avoir été aussi lâche qu’elle le pensait, comme si tout cela n’était qu’un jeu pour elle… « Je ne sais pas qui j’étais à l’époque, Irina. » Tu me fais des reproches que je ne suis pas à même de comprendre. Pourtant au fond tu n’as pas tort, une part de moi a songé bien des fois à claquer la porte au nez de l’unité, disparaître et mener ma propre vie sans suivre leurs ordres. Mais vois-tu je ne l’ai jamais fait. Peut-être parce que le nouveau Jessy est plus lâche que celui que tu semblais connaître. Peut-être que ce Jessy ne mérite pas que tu te battes autant pour lui alors que lui-même ne s’est pas battu jusqu’à présent.
Elle essaie à nouveau de me faire douter de Chloé, de m’avouer que contrairement à elle, Irina ne m’a jamais rien caché. En tous cas c’est ce qu’elle prétend. J’ignore combien de choses Chloé peut me cacher, tout comme j’ignore si tout ce dira Irina sera la vérité. J’ai besoin de preuves, pas de mots et elle dit pouvoir m’en fournir, à condition que je la suive jusqu’à chez elle. Un risque que je suis prêt à prendre sans le moindre problème, surtout lorsqu’elle se met à évoquer tous ces noms qui ne me disent strictement rien : Anton, Kate, Isallys… Qui sont ces personnes ? « Je ne me souviens d’aucun de ces noms… » J’avoue ces mots d’un ton amer. Si je commence à ressentir de la rancœur envers l’unité, j’en veux d’autant plus à Chloé de m’avoir menti sur mon ancienne vie.
Irina dit qu’au fond de moi je sais pouvoir lui faire confiance et c’est à ce moment précis que je sors non pas un briquet ni une arme à feu mais une petite lame aiguisée. Oui, les soldats ont toujours plusieurs armes sur eux pour pouvoir se défendre, sauf que cette fois il ne s’agit pas de ça. « Rassure-toi, je n’ai pas l’intention de te tuer à coup de couteau.» Sur ces mots, je retourne la lame dans ma direction pour tendre le manche à Irina. « C’est le moment de vérifier si je peux réellement te faire confiance. » Je lui tourne le dos et tapote un endroit dans ma nuque avec mon index. « Tous les soldats portent une puce pour pouvoir les retrouver s’ils sont fait prisonniers. » Mais peut-être que pour cela aussi on m’a menti. Qu’importe… « Je ne peux pas vraiment la retirer moi-même alors… » Pas besoin d’en dire plus, Irina a parfaitement compris que si je lui ai donné cette lame et montré la direction de ma nuque, c’est pour qu’elle se charge elle-même d’accomplir cette chirurgie. « Comme ça ils ne pourront pas me suivre jusqu’à chez toi. » Car je n’ai pas l’intention d’attendre ici Irina. Je viens avec toi, peu importe l’endroit où se trouve ta maison, peu importe s’il faut traverser le pacifique pour l’atteindre. Rien ne m’empêchera de revenir auprès de Chloé s’il s’avère que tu m’as manipulé car comme tu l’as précisé, je sais parfaitement me défendre tout seul.
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Irina Barrymore
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Sujet: Re: Changements Dim 5 Avr - 20:39
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Jessy Barrymore
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Sujet: Re: Changements Dim 5 Avr - 23:43
Changements Irina & Jessy
L’ancien Jessy était spectaculaire selon elle, quelqu’un d’assez fort de caractère pour impressionner et s’attirer de nombreux ennemis. Le nouveau Jessy n’est pas si différent que cela, je pense juste être plus… sage, peut-être. Mais mon fort caractère a continué de m’apporter des problèmes et je me suis plus d’une fois pris le bec avec mes supérieurs, les menaçant même parfois avant que Chloé n’intervienne pour me calmer. C’est fou, j’ai fini par me convaincre que Chloé était mon ancre, qu’elle savait me canaliser pour que je ne perde pas les moyens et commette quelque chose que je finirai par regretter… Avec le recul je me demande si elle n’était pas plutôt une espèce de pare-feu protégeant toutes les nouvelles données pour qu’elles restent exactement là où elles doivent se trouver, empêchant le virus de tout foutre en l’air. Mais si ce virus représentait l’ancien moi ?
Elle me demande alors quelle explication l’unité a pu me fournir pour justifier ma perte de mémoire et si je pourrais ne pas lui répondre, je ne vois pas l’intérêt d’ignorer sa question. « Accident de travail, on s’en est pris à des ennemis plus fort que nous. J’ai reçu un coup à la tête qui a causé une commotion cérébrale, un coma et toute la perte de mémoire qui va avec. » Est-ce que j’aurais dû remettre leur parole en question ? Difficile de savoir à qui faire confiance quand on a tout oublié, surtout quand les seules personnes autour de vous semblent vouloir votre bien. Je tourne légèrement la tête pour montrer à Irina une cicatrice vers l’arrière de mon crâne. Mes cheveux ont repoussé depuis et la recouvrent en partie aujourd’hui. Irina doit probablement connaître toutes mes cicatrices mais celles-ci n’en faisait pas partie, celle-ci a été causé lors de mon séjour à l’unité, lorsque je n’étais plus complètement strigoï.
Je repose mon regard sur elle lorsqu’elle me demande si j’aime Chloé, réellement curieuse de connaître la réponse. Seras-tu soulagée si je te dis que non ? Seras-tu jalouse si je te dis que oui ? Ce genre de question ne mène à rien mais puisque tu tiens réellement à savoir, je vais être honnête avec toi, puisque tu sembles l’être avec moi. « Je tiens beaucoup à elle. » Je ne pourrais le nier, même si notre relation est loin d’être parfaite, Chloé compte pour moi. Elle était présente lorsque j’en avais besoin. « Mais je me suis toujours dit que ce n’était pas la bonne personne… » On peut avoir de l’affection pour quelqu’un sans que ce ne soit véritablement l’amour d’une vie. Voilà ce que je ressens pour Chloé. « Alors non, je ne l’aime pas comme je devrais l’aimer. » Et c’est bien là tout le problème, peut-être que je ne l’aime pas tout simplement parce que ce n’est pas vraiment elle que je suis censé aimer.
J’imagine que je le découvrirai bien assez vite lorsqu’elle m’aura montré ces fameuses preuves qu’elle prétend avoir. Piège ou pas piège ? Qu’importe, je suis prêt à prendre le risque. Je suis même prêt à lui laisser cette lame entre les mains et lui tourner le dos. Peut-être est-ce un test, en tous cas elle le relève avec brio. Sa manière d’inciser et de retirer la puce rapidement prouve qu’elle ne cherche pas à me faire de mal, sans compter qu’elle me rend la lame immédiatement après avoir terminé. J’essuie les deux côtés de la lame sur mon vêtement et la range à sa place. Irina a raison, je ne prendrais pas de son sang même si je ne guéris pas aussi vite qu’un strigoï normal, cette plaie reste néanmoins inoffensive et se refermera bien assez vite. Je pose mon regard sur la puce qu’Irina tient entre les mains lorsqu’elle me rappelle ce qu’une telle chose implique : la guerre contre l’unité. « Si ce que tu dis est vrai alors je suis en guerre contre eux depuis bien plus longtemps. » Je serais incapable de retourner auprès de ces imposteurs maintenant que le doute s’est immiscé dans mon esprit. J’ai besoin de savoir.
Le trajet se fait en silence, même si Irina me propose de lui poser des questions, je préfère les garder pour plus tard. D’abord j’ai besoin de voir. Irina passe par la ville et en profite pour glisser la puce dans la poche d’un passant. Bonne initiative. On finit par arriver à l’hôtel où elle a réservé une chambre et je me sers de mes sens pour vérifier qu’il n’y a personne qui m’attend avant d’entrer. Simple précaution. La porte s’ouvre et j’entre. Je reste debout et la regarde sortir un carnet de ses affaires qu’elle vient me présenter. Mon regard se pose dessus avant que je ne l’attrape. Mes doigts glissent sur les lettres noires qui en disent suffisamment long sur les photos que je risque de trouver. J’hésite… Puis je me décide à affronter la vérité en face.
Mon regard se pose sur la première photo d’Irina et moi. Elle est magnifique dans sa robe blanche, un véritable ange tombé sur Terre… Et j’ai l’air heureux. Je n’ai jamais souris de cette façon lorsque j’étais avec Chloé. Je m’assois sur le lit et tourne les pages lentement. J’analyse chacune de ces photos en m’attardant sans me rendre compte sur celles où il n’y a que nous deux. Ce sont les photos que je préfère. Mais il y a aussi d’autres visages, une jeune rousse, une brune qui a quelques airs de ressemblance avec Irina. A chaque nouveau visage que j’aperçois je lui demande qui sont ces personnes et Irina m’aide à les associer à des prénoms : Isallys, Sebastian, Kate, Lucian et quelques autres personnes. Il n’y a pas un grand comité mais tout semblait parfait. J’avais l’air comblé auprès d’eux… Auprès d’elle.
Je referme le livre avant d’avoir atteint la fin et ne dis rien. J’ai l’impression de suffoquer. « Excuse-moi, j’ai besoin de prendre l’air... » Sur ces mots je me lève de ma place et la dépasse, quittant la chambre pour inspirer un grand coup d’air frais mais ça ne m’aide pas à accepter ce qui est en train de se passer. Ce n’est pas d’air frais dont j’ai besoin mais d’une cigarette. Mes mains tremblent lorsque j’en sors une de mon paquet et la bloque entre mes lèvres avant d’attraper un briquet. Je fais rouler la mollette mais il n’y a qu’une étincelle qui se forme avant de disparaître. Je réitère. Toujours le même résultat. Je réitère à nouveau… Rien. C’est finalement Irina qui vient me prendre le briquet des mains et mon regard se relève vers elle, légèrement embué même si aucune larme ne coule. Je retire la cigarette de mes lèvres et ose enfin prendre la parole. « Pourquoi est-ce que tu n’es pas venue plus tôt ? » Commencer par des reproches n’est pas vraiment ce que j’avais en tête. « Je n’arrive pas à me rappeler de tout ça Irina, aucun de ces noms, aucun de ces visages… Je n’arrive même pas à me souvenir de nous. Et je regrette de ne pas être cet homme sur les photos car il avait l’air heureux auprès de cette magnifique femme. » Un rire amer s’échappe de mes lèvres avant que je ne reprenne. « J’ai même réussi à me dire que je suis jaloux de cet homme, vois-tu. Mais je n’arrive pas à me dire qu’il est moi. » Ma main s’empare doucement de la sienne et mon regard ne cesse de fixer le sien. « Je ne suis pas sûr de réussir à redevenir cet homme Irina. Tu cours peut-être après un fantôme. »