Jusqu'où tiendras-tu le coup ?

J’ai toujours eu des soucis avec les relations humaines, sans doute à cause de mon caractère et ma façon de penser bien particulière. On peut me reprocher bien des choses, mon agressivité, ma possessivité, on me soupçonne parfois même d’avoir des troubles de l’humeur, sans compter mon côté nymphomane. C’est vrai, je ne le nie pas, toutes ces qualifications me correspondent, mais il faut bien de tout pour faire un monde. Ce soir je suis toutes ces choses à la fois, je veux du sexe et de l’action, je veux de la douleur et du sang. Sauf que j’ai vu ces filles qui étaient là avant moi, et maintenant celle-ci qui nous dérange en plein milieu de nos aventures. Oui, j’ai décidément un souci, mais ça je ne l’admettrais jamais.

Peut-être suis-je devenue ainsi à cause de mon lien avec Emma, parce que j’ai bien trop souffert de son propre amour envers Julian, de cette douleur puis de ce néant. L’amour c’est pitoyable et je me suis toujours refusé de le vivre. Pourtant ça ne m’a jamais empêché d’avoir des histoires, plus longues que d’autres parfois, souvent avec du profit. J’aimais pouvoir être au-dessus de tous ces hommes, être capable de leur prouver que c’est moi qui ai le pouvoir, qu’ici c’est la femme qui fait souffrir l’homme et non pas l’inverse. J’ai été habituée à avoir tout ce que je voulais, à avoir le contrôle, le pouvoir. Puis il y a eu John.

Déstabilisant dès notre rencontre mais surtout un dieu du sexe. Le seul problème avec lui, c’est que je n’arrivais pas à le contrôler comme tous les autres. Un homme frustrant tout en sachant combler, le type de personne qui se démarque du lot et dont on a envie de s’intéresser. Je m’y suis intéressée, peut-être un peu trop. Il y avait de plus en plus de visites, de plus en plus de parties de sexe. Puis j’ai commencé à ressentir de l’attachement, alors je suis partie et nos routes se sont ainsi séparées.

Nous voilà de nouveau réunis aujourd’hui, prêts à partager une nuit torride sans aucun réel attachement. C’est ce qui aurait dû se passer, si mes humeurs n’étaient pas si malléables. Ce n’est pas la première fois qu’une partenaire nous rejoins au beau milieu de l’action, ce ne serait pas la première fois qu’on fasse l’amour à trois, pourtant je n’en ai pas envie ce soir. A vrai je n’ai plus non plus envie de toi ni de rester ici. Alors la seule chose que je trouve bon à faire, c’est tuer cette fille sous tes yeux et te libérer, mais pas pour qu’on puisse continuer là où on s'en était arrêté. Moi aussi je peux être une personne frustrante John.

Je me rhabille en partie et commence à m’en aller, du moins jusqu’à ce que sa main agrippe mon bras et que je me retrouve bloquée entre lui et la porte. Penses-tu m’intimider John ? Tu sauras que je n’ai peur de rien et surtout pas d’un homme. Mes yeux sont plongés dans les siens alors que je l’écoute. J’ignore si je dois m’énerver ou être enchantée par ses paroles. D’un côté il me fait comprendre d’une manière bien à lui qu’il tient un minimum à moi, d’un autre il parle de ce potentiel bon coup et donne l’impression d’une subtile menace.

Je n’ai pas le temps de répondre, il y a ce baiser qui me déstabilise, un baiser qui ne ressemble pas à ceux que nous avons l’habitude d’échanger. Serait-ce un battement de cœur que je ressens dans ma poitrine ? Non, impossible, je n’ai pas de cœur, je ne ressens pas ce genre d’émotions. Le baiser se rompt mais nos corps n’en restent pas moins proches. Je reste toujours silencieuse alors que je ne le quitte pas des yeux, même lorsqu’il reprend la parole, lorsqu’il dit ces mots qui à mes oreilles sonnent comme des compliments. Pourtant je n’arrive pas à m’empêcher de penser à ce battement, à mon désir, au plaisir d’entendre ces mots. Je réalise qu'il faut vraiment que je m’en aille.

- Alors je te souhaite bon courage pour réunir toutes les pièces du puzzle, John.

Mais ne compte pas sur moi pour t’offrir les réponses à tes questions. Lorsqu’une personne se rapproche trop de la véritable personne que je suis, je le tue. Je ne voudrais pas avoir à te tuer John, alors sache te contenter de cette part de mystère. Je m’écarte doucement de sa prise, enjambant le cadavre pour finalement quitter cet appartement. Il faut que je me change les idées maintenant. Il faut que je pense torture, sang, douleur et mort.