Je suis convoqué à l’académie dans le bureau de la directrice. Je me doutais que la convocation ne tarderait pas à tomber, mais j’espérais tout de même avoir un peu plus de jours devant moi. J’ignore comment les choses se termineront, mais de toute façon je ne peux pas vraiment me dérober alors c’est d’un pas assuré que je traverse les couloirs de l’académie pour me rendre dans son bureau. On me fait patienter quelques minutes, puis finalement la directrice est enfin disposée à me recevoir. Je m’installe sur une chaise derrière son bureau, juste en face d’elle et à aucun moment je ne cherche à fuir ou détourner mon regard du sien. En aucun cas il ne faut laisser croire à une personne qu’on lui est inférieur, autrement nous sommes fichus.
- Vous étiez censé nous ramener la tête de Promesse, monsieur Conte, hors il se trouve que la strigoï court toujours.
- Elle m’a échappé durant notre affrontement. Je n’ai pas encore réussi à lui remettre la main dessus, Promesse sait bien se cacher.
- Echappé vous dites ? Une strigoï de son âge ?
- Promesse n’est pas juste une jeune strigoï, elle était mon apprentie. Je lui ai appris à survivre face à des strigoïs, alors elle est tout à fait capable de se débrouiller face à des dhampirs.
- Maintenant vous réalisez que vous avez commis une erreur. Les dhampirs sont censés protéger les moroïs, pas leur apprendre à se défendre.
- Je voulais qu’elle puisse s’en sortir le jour où je ne serais pas apte à la protéger.
La réunion se poursuit ainsi, des arguments posés et des contre argumentations pour riposter. Elle remet en question mes capacités de dhampir, peut-être que ce que j’ai vécu m’a rendu inapte à reprendre. Oui peut-être, mais c’est vous qui m’avez envoyé dans cet enfer, alors vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. Elle remet quand même en doute ma parole, face à tant d’exploits contre de bien plus vieux strigoïs, elle ne croit pas en la chance de Promesse de m'avoir échappé. La décision est prise, elle me retire l’affaire, un autre dhampir sera chargé de l’éliminer à ma place. J’accepte la décision et quitte le bureau.
Le gymnase est vide, tous les dhampirs sont partis relever leur fonction. Tant mieux, ça me laissera m’entraîner seul et évacuer. Je retire mon tee-shirt, me moquant bien que quelqu’un puisse entrer et voir toutes ces cicatrices sur mon corps. Je n’attends pas plus longtemps pour commencer l’entrainement. Course, pompes, abdominaux, soulevé de poids, sac de frappe. Je me défoule à travers mon entraînement, j’évacue à travers le sport pour ne pas évacuer à travers la violence. Je reviens vers le sac de frappe et donne de nouveaux coups de poings, de nouveaux coups de pieds, encore et encore, reprenant ma respiration, frappant à nouveau. Respire, frappe, esquive. Respire, frappe, esquive. Tue.
J’entends du bruit, une porte qui s’ouvre. J’aperçois cette femme blonde, une dhampir elle aussi, visiblement je ne suis pas le seul à n’avoir aucune fonction de confiée pour aujourd’hui, aucun moroï à surveiller, aucune personne à tuer. Je reporte tout de même mon attention sur le sac de frappe, ne me laissant pas déconcentrer par son arrivée, frappant à nouveau. Elle se prépare elle aussi et ne tarde pas à s’échauffer puis à commencer son entrainement. Je ne peux pas m’empêcher de jeter quelques coups d’œil à ce qu’elle fait, et finalement c’est plus fort que moi, je me sens obligé d’intervenir.
- Il faut expirer lorsque vous donner un coup de poing. On croit que tout est dans le mouvement, mais la respiration joue beaucoup.