La réputation du club grandit de jour en jour, ce qui fait qu’on doit maintenant fonctionner sur réservations. Le club est toujours gratuit, mais ça permet à chacun de choisir ses dates et à la salle de ne pas être surpeuplée de monde. On essaie d’innover les combats, parfois juste du corps à corps, parfois on interdit les jeux de jambes, d’autres fois on rajoute des armes. Aujourd’hui on propose des pieux en argent. Evidemment les règles n’ont pas changé, on se bat mais on ne tue pas en dehors des soirées consacrées à ça. Celui qui déroge à l’une de ces règles se verra devoir payer au prix de sa vie et croyez-moi, étant donné le nombre de strigoïs réunis dans cette salle, même un vieux strigoï ne l’emporterait pas contre autant de monde.
Je regarde tous ces hommes se battre à tour de rôle, prendre leur pied à donner des coups, mais peu sont résistants pour en recevoir. Je cherche parmi eux celui que j’ai envie d’affronter ce soir mais je ne le trouve pas, aucun de ces types ne me tentent et je ne veux pas choisir n’importe qui pour mon combat. Quitte à n’en faire qu’un seul, autant que j’y prenne du plaisir. Le sang gicle sur le sol, le strigoï à terre tape trois coups sur le sol pour déclarer forfait et les deux adversaires se relèvent, s’offrant une tape amicale sur l’épaule avant de libérer le terrain pour deux autres personnes.
Cinq combats ont eu lieu, certains ont été plus gravement blessés que d’autres mais on se moque pas mal de toutes ces blessures, on sait très bien que quelques heures voire quelques minutes plus tard il n’y a aura plus la moindre trace de ces combats. Quelques humains curieux ont voulu venir voir ce qu’on faisait ici, ils auront servi de friandises à ces grands gourmands. Les humains ne doivent pas savoir pour cet endroit, ni même les autres espèces. Pour l’instant ce n’est peut-être qu’un club, mais peut-être qu’après ce sera beaucoup plus que ça.
Je vois alors cet homme débarquer, ce strigoï qui n’a encore jamais mis les pieds ici. A force on connaît les visages des uns les autres et lui je ne l’ai encore jamais vu. Je l’analyse plus longuement, il ne m’a pas repéré, concentré comme tous les autres sur le combat qui a lieu. Ce type est vieux, c’est une évidence, à quel point en revanche je l’ignore, mais dès que j’ai posé les yeux sur lui, j’ai su qu’il serait mon prochain adversaire. Tu as l’air puissant, voyons voir à quel point, j’espère que tu seras capable de me donner une bonne raclée, sinon je risque d’être déçu. Le combat qui a lieu se termine et je monte sur le ring, retirant ma chemise, faisant signe à celui qui voulait me rejoindre de rester à sa place avant de prendre la parole en fixant le nouvel arrivant.
- Toi le nouveau, sur le ring avec moi. J’aimerais te souhaiter la bienvenue comme il se doit.
Tu n’échapperas pas au rituel, les nouveaux viennent se battre, ils ne peuvent pas juste se contenter de regarder. Alors, que décideras-tu, tu viens ou tu pars ? Sa réaction ne tarde pas et comme je m’en doutais, il me rejoint sur le ring. Je le laisse se mettre à son aise, quelque chose a l’air de le troubler, mais c’est trop tard pour changer d’avis. Maintenant que tu es sur le ring, soit tu te bats, soit tu déclares forfait et quelque chose me dit que ce ne serait pas ton genre d’abandonner, encore moins avant même d’avoir commencé.
- Les règles sont simples : tous les coups sont permis. Tu as le droit à un gant et un pieu. On frappe, on blesse, mais on ne tue pas.
J’espère que tu as tout enregistré car le combat ne va pas tarder à commencer. J’attrape le pieu dans ma main droite sans prendre le temps de mettre le gant. Je me moque bien de la douleur, après tout c’est bien pour ça que j’ai fondé ce club. Les autres ont l’air surpris, moi je ne fais que sourire. La sonne cloche et mon corps réagit instantanément. Mon poing vient frapper contre la mâchoire de ce strigoï avec suffisamment de force pour lui faire cracher du sang. Mon sourire s’agrandit un peu plus alors que je reprends ma garde.