Mauvaise influence [Kylian]

Qu'est-ce que je fais ici, au juste ? Dans cette usine ? Au fond, je sais ce que je fais là. Ma dernière véritable conversation avec Nathaniel, notre dernière véritable dispute. Cette usine qui a bouleversée nos vies. Enfin, ma vie, parce que lui, ça n'a pas l'air de déranger ces plans, plus que cela. A croire que notre passé, n'a plus aucune importance pour toi. Je savais, qu'il était possible, pour certain strigoï, d'effacer toutes leurs émotions, de faire taire tous ces sentiments, mais à ce point ? Au point, que tous ce que nous avons vécu, que ce que nous avons traversé, pour être ensemble, ne t'atteigne même plus ? C'est pire que tout.. Je te connais mieux que personne, du moins, c'est ce que je crois, et je n'ai même pas réussi à te récupérer ? Alors dis-moi, est-ce que je peux encore avoir de l'espoir, avec toi ? Est-ce que je peux encore espérer, te récupérer ? Est-ce que tu as oublié, ton désire de redevenir humain ? Est-ce que c'est possible, de changer à ce point, en quelques semaines ? De devenir une autre personne. Parce que c'est le cas. Je ne reconnais rien, du Nathaniel que j'ai connu, en toi. Tu n'es plus, cette personne, pour qui mon cœur a chaviré. Tu n'es plus cette personne, pour qui je me suis battue, alors que j'ai bien cru être détruite, à l'époque. Tu n'es plus cette personne, qui m'a redonné courage, qui m'a redonné confiance. Tu n'es plus cette personne, pour qui je pouvais tout abandonner. Ce Nathaniel là, et un inconnu. Un inconnu, qui cherche à me détruire. Alors que tu as toujours chercher qu'à vouloir mon bonheur. Est-ce que tu vois, a quel point tu as changé ? J'ignore, pourquoi je suis venue ici, à vrai dire. Je n'aurais pas dû, c'était une erreur. D'un, parce que cela m'oblige à replonger dans mes souvenirs. Deux, parce que je ne me rends qu'après coup que je suis tombée dans un piège.

Ça ne recommencera pas. Je ne permettrais pas que l'on m'enferme, à nouveau. Je ne permettrais pas non plus, que l'on me prenne pour attirer Nathaniel, bien que, de toute façon, cela ne fonctionnerait même pas, dans l'état actuel des choses. Quand je me retrouve dans cette situation, je revois ma capture à l'époque, ces gardiens, m'entouraient, me forçaient à les suivre. Pour mon bien, d'après leurs paroles. Je revois mes semaines, passées là-bas, enfermé, dans leurs trous, leurs tortures, pour essayer de me faire oublier, Nathaniel, pour me reformater. Pour que je deviennes une véritable gardienne. Que je retrouve mes instincts primaires, que je descendes ces strigoïs, au lieu d'en aimer un. Je revois ce carnage, que j'ai dû semer, avec Amaëlle, pour m'en sortir, tous ces morts, qui j'ai dû faire, alors que la grande majorité d'entre eux, était de mon espèce. Et ce malin plaisir que j'ai pris, à les détruire, pour me venger. Et tous ces cauchemar, que je fais, aujourd'hui encore, face à cette soirée. Je revois toutes ces choses, alors que je vois ces cinq gardiens s'approcher, m'entourer. J'imagine que d'une manière ou d'une autre, ils ont finis par comprendre que le meurtre, de leur collègue, qui s'est déroulé ici même, n'était autre que moi. Enfin, Nathaniel, du coup, mais à cause de moi. Cela ne change pas grande chose. Pour eux, j'en suis la raison. Sauf que je sais, qu'ils ne se contenteront pas d'une bonne punition. S'ils m'attrapent, se sera comme à l'époque, pour me remettre dans les rangs, ils peuvent pas se permettre de perdre une bonne gardienne, avec le peu d'effectif. Le pire, là-dedans, c'est qu'ils connaissent assez bien mon dossier, pour savoir que ma conscience, me pousserait à revenir ici. Je recule, pour me heurter contre un de ces gardiens, qui n'hésite pas à refermer ces bras autour de moi, et me maintenir.

Je vois le second approcher, et je réagis sur le coup, en sachant que de toute façon, je ne risque pas de finir sur le coup, puisque l'autre me tient. Je jette mes jambes en avant, pour cogner contre le torse et l'empêcher d'approcher plus de moi. Je mets tellement de force, dans mon coup, que cela fait même basculer celui qui me retient, et entre le choc, de la chute, et mon poids, sur lui, il a pas vraiment le choix que de me lâcher. Et bien, si un tel coup, réussi à te faire vaciller, qu'est-ce que ça doit être, contre un strigoï, je comprends pourquoi les gardiens ne souhaitent pas me laisser partir, même sans vrai entraînement, je suis plus costaud que vous. Un troisième, n'hésite pas à m'attaquer, alors que je suis à peine remise debout. Et bien, au moins, ils traînent pas. C'est qu'ils sont motivés à m'avoir, on dirait. Cette fois, lorsque je me retrouve dans une lutte, contre ce gardien, je n'hésite pas à sortir ma lame, pour le glisser sous sa gorge, et le menacer.

« Je n'ai rien contre vous, je ne suis pas une tueuse, alors cassez-vous, avant que je change d'avis »

Je ne retire pas lame, tant que je n'ai pas eu de réponse. C'est ça, ou je tranche cette gorge. J'entends la porte claquer, dans mon dos, et là, je me dis que je suis vraiment dans la merde, si c'est de nouveau gardien, venu en renfort, parce qu'ils n'hésiteront sans doute pas à risquer la vie de l'un de leur collègue pour réussir à m'avoir.  

Mauvaise influence

C’est un peu embêtant que Sélène et Aizen soient partis sans prévenir personne, ça a carrément foutu le bordel entre les clans et maintenant tout le monde se bat pour récupérer leur terrain. L’autre chose qui me dérange, c’est qu’Aizen m’avait promis quelques joujous du gouvernement, ça aurait pu franchement être utile, mais faut croire qu’il a préféré repartir avec, ou alors il me prévoit une grande chasse au trésor. Bref en tous cas va falloir remettre un peu d’ordre dans tout ça et évidemment c’est à moi qu’il convient de le faire. Une réunion au sommet était prévu ce matin et j’ai dû répartir les zones à chacun de manière la plus équitable possible. Evidemment une part me revient, mais pour les autres, je pense que tout le monde est plutôt ravi du déroulement de la réunion, sauf un chef qui a voulu tout remettre en question, mais à l’heure qu’il est il ne peut plus vraiment se plaindre et celui-là croyez-moi personne ne le regrettera.

Je rejoins mon groupe une fois la réunion terminée, ils attendent la bonne nouvelle et je leur annonce qu’on va non seulement s’étendre encore, mais qu’on va en plus récupérer l’ancienne demeure d’Aizen et Sélène, de quoi avoir suffisamment de place pour que tout le monde soit à l’aise. La nouvelle a l’air de ravir tout le monde, tant mieux. Ils proposent de fêter ça au bar mais je leur rappelle qu’on a d’abord des caisses à aller récupérer à l’usine. Alors tout le monde se prépare et grimpe dans le camion. On ne tarde pas à arriver sur les lieux mais lorsque j’entends du bruit à l’intérieur, ça éveille mes soupçons. Si quelqu’un est venu me voler il risque de passer un très mauvais quart d’heure.

L’un des gars m’envoie Faith que je rattrape au vol avant de me diriger discrètement vers l’usine. Je fais signe aux gars de me suivre en silence et on ne tarde pas à avoir une meilleure vue de ce qu’il se passe. Visiblement il y a un règlement de compte, une femme contre cinq types, mauvais, étant donné la facilité qu’elle a à garder le dessus. Quel genre d’affaires viennent-ils régler ? J’admets être intrigué et ma curiosité grandit d’autant plus lorsque je vois tous ces autres types débarquer par l’arrière de l’usine pour cette demoiselle. Visiblement tu les effraie poupée. Qu’as-tu donc de si exceptionnel pour qu’on envoie toute la troupe te chercher ? Sourire aux lèvres, je ne peux m’empêcher de me mêler à la situation. Je sors seul de l’ombre, attrapant mon flingue pour tirer trois coups dans les airs et ainsi attirer l’attention de tout le monde.

- Mesdames, messieurs, navré de vous interrompre mais j’ai réservé cet endroit pour business professionnel alors veuillez quitter les lieux. Sauf la demoiselle qui reste avec moi.

Pourquoi je la défends ? Parce que j’adore me mêler des affaires qui ne me concernent pas, tout simplement. L’un des types se rapproche, apparemment sûr de lui, pas le moins inquiet du monde, ni par moi, ni par mon flingue, ni même par Faith sur mon épaule. Attention, tu risques de la vexer.

- Et qu’est-ce que tu comptes faire au juste ? Nous arrêter avec ta batte ?

- Oh Faith suffirait amplement à vous faire la peau, mais je suis un homme partageur et je suis sûr que mes gars ont envie de participer.

Et sur ces derniers mots ils sortent tous de l’ombre, une quinzaine d’hommes armés jusqu’au cou. Je vois le type avaler difficilement sa salive et reculer d’un pas. Alors, toujours envie de te battre ? Crois-moi ce n’est pas nous qui dirons non à l’affrontement. Je le vois se retourner vers les autres, attendant peut-être un peu de soutien, mais tous savent que c’est un combat perdu d’avance pour eux. Voyons voir si vous êtes suicidaire ou non.

- Tout compte fait j’ai changé d’avis. Les autres sont libres de partir, la fille reste toujours, mais toi tu restes aussi.

Après tout tu as provoqué Faith alors je ne peux pas te laisser partir comme ça, sans qu’elle n’ait eu la chance de se venger. Est-ce que les autres te soutiendront ou prendront leurs jambes à leur cou en t’abandonnant là ? C’est ce que nous verrons mais de toute façon mes hommes sont largement prêts au combat.