Faîtes vos jeux

Ehlena & Aizen

Attention la partie a commencé. La roue tourne, j’attends, je vise, je lance. La lame provoque une très fine entaille à la joue de cet homme. Je souris. Puis je m’esclaffe de rire face à toutes les réactions. Envie de voir plus ou peur de ce qui va suivre ? Je claque des doigts et la roue tourne à nouveau. Je me mets dos à elle, jouant doucement avec ma lame avant de me retourner quelques secondes plus tard en la lançant d’un geste souple, le couteau se plantant tout droit dans son cœur. Je ris à nouveau. Mes hommes me félicitent, tapent dans leur main ou cognent leur verre entre eux à ma santé. Les autres retiennent leurs larmes, étouffent leurs cris. A qui le tour maintenant ? Je me retourne vers l’assemblée, un grand sourire aux lèvres, voilà un beau petit monde par ici. Prendre en otage le casino de Missoula était une bonne idée. Je sors un paquet de carte de ma poche et commence à les distribuer à dix des invités avant de prendre la parole.

- Je suis d’humeur généreuse ce soir gente compagnie, alors je vais vous offrir un cadeau. Ceux qui ont la carte Joker peuvent se lever en la montrant et seront libres de partir. Alors ? Qui sont les heureux gagnants ?

- Moi !

- J'ai !

Un homme et une femme se lèvent, que dis-je, bondissent de leur place pour se lever. Comme c’est amusant. Ils se tournent, déjà prêts à partir et abandonner là leurs collègues. Allons, ce n’est pas très poli tout ça. Mes hommes les arrêtent alors qu’ils n’ont fait qu’un pas, braquent leurs armes sur eux, les dissuadant ainsi d’aller plus loin. Ils finissent par se retourner vers moi, comme s’ils s’attendaient à ce que j’ordonne à mes hommes de les laisser passer. Fascinant. Très amusant. J’éclate à nouveau de rire pour retrouver peu de temps ensuite mon sérieux.

- On ne vous a jamais appris à vous méfier du Joker ? Placez-les.

Cet ordre est adressé à mes hommes derrière eux qui ne tardent pas à s’exécuter, les attrapant d’une poigne ferme pour les mettre debout sur une chaise alors qu’ils passent une corde autour du cou de chacun d’eux, celles-ci étant raccrochées à la poutre au-dessus de leurs têtes. Je me tourne de nouveau vers les participants qui ont toujours leurs cartes en main, après tout il nous faut bien des joueurs pour pouvoir jouer.

- J’aimerais maintenant que les reines de cœur et de pique se lèvent.

Il y a un instant d’hésitation durant lequel je tourne mon visage vers les uns et les autres. Allons, ne me faites pas perdre mon temps, vous savez que vous serez tous exécuté de toute façon. Deux femmes finissent par se lever timidement, deux jolis morceaux, je suis sûr que Sélène auraient adoré. Je souris à nouveau avant de venir chercher ces dames, attrapant la main de chacune d’elles pour les diriger vers le jeu de la boule. Je les laisse côte à côte avant de venir en face, de l’autre côté de la table pour expliquer les règles.

- On joue en trois tours, évidemment la dame de cœur représente les rouges et celle de pique les noirs. Si la boule tombe plus de fois sur le rouge, alors la dame de cœur sauvera les jokers. Mais si la boule tombe plus de fois sur le noir, alors la dame de pique les tuera de ses propres mains. Maintenant jouez.

La pression a monté d’un cran, surtout pour les deux reines et les deux jokers. Moi qui croyais qu’ils aimaient les jeux de hasard, c’est un casino après tout ! Je m’installe confortablement sur un fauteuil alors que le jeu commence. La boule est tombée sur le noir pour le premier tour, puis sur le rouge pour le deuxième. On dirait qu’il s’agit du tour gagnant. Mon sourire n’a pas disparu, ou plutôt si, il disparaît face au bruit de deux de mes hommes qui volent à travers le casino pour finir allongé et inconscient sur le sol. Sélène ? Mauvaise pioche. Je regarde cette jeune femme entrer dans le casino comme si de rien n’était, ignorant mes hommes, ignorant leurs armes, m’ignorant moi et mêmes les otages. Un lourd silence pèse d’un coup, là où je ne peux m’empêcher d’éclater de rire, encore. On dirait que le destin a décidé de nous amener un autre joueur. Une moroï, je sais les reconnaître. Je me dirige vers elle, sourire aux lèvres, tel un enfant qui vient de trouver son nouveau jouet.

- Je me disais bien qu’il nous manquait la reine de trèfle, voyons voir à qui tu apporteras la chance. Dis-moi ce qui t’amène ici, et nous improviserons un nouveau jeu ensuite

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