Brûler et tuer, telle est ma mission

Je ne peux pas rester ici, prisonnière de l’ennemi, même s’il s’efforce à me faire croire qu’il ne l’est pas. A vrai dire je ne comprends pas vraiment à quel genre de stratégie est-ce qu’il peut bien jouer. Connor est plus fort que moi, alors il pourrait se contenter de me tuer. Ou alors il a besoin de moi, des informations que je pourrais lui apporter bien plus que de mes capacités, étant donné qu’il possède déjà tout un groupe bien assez puissant. Le doute s’est installé dans mon esprit. Pourquoi suis-je si faible au point de me laisser berner après seulement quelques phrases échangées ? Pourtant je ne peux m’empêcher de croire que peut-être cet homme dit la vérité. Croire ou espérer, je ne sais pas vraiment.

J’essaie réellement de faire un effort, de comprendre, mais c’est difficile lorsqu’on n'a plus le moindre souvenir de son passé. Tout ce dont je me souviens, c’est de cette unité. Ton visage ne me dit rien, ni l’idée d’une famille que nous aurions pu former dans le passé. C’est peut-être difficile à entendre pour toi, mais dis-toi bien que c’est surtout difficile à vivre pour moi. Alors aide-moi à comprendre Connor. Si nous appartenions à la même famille, pourquoi m’avoir abandonné ? Pourquoi n’avoir jamais cherché à me retrouver et me sortir de là ? Sa réponse me surprend un peu, apparemment c’est moi qui aurais décidé de partir. Des tas d’autres questions immergent dans mon esprit. En admettant que ce que tu dises soit vrai, pourquoi aurais-je quitté ce groupe si je m’y sentais si bien ? Quelle raison aurait bien pu me pousser à quitter ma famille sans la moindre explication ?

Tu me donnes mal à la tête Connor, plus j’essaie de réfléchir et moins je comprends. Je ne dis plus rien depuis tout à l’heure parce que je ne sais pas ce que je pourrais dire de plus. Je pourrais te poser des questions, mais je ne serais même pas sûre de pouvoir croire en tes réponses, alors à quoi bon ? A quoi bon me garder ici ? Penses-tu me convaincre que nous appartenons au même camp en faisant de moi ta prisonnière ? Mauvaise stratégie, surtout quand on sait que la vie d’une personne à laquelle je tiens dépend de mon retour à l’unité. Je ne peux pas rester ici Gabriel, alors maintenant il est temps de te tester, de voir si tu tiens réellement à moi. Si c’est le cas alors tu accepteras de me laisser partir, sinon et bien tu peux tout de suite mettre un terme à ma vie.

Est-ce une si grande surprise qu’il me libère ? Oui, même si je suppose que ça ne devrait pas être le cas. Finalement ce ne sont pas ses mots qui me font douter mais ses agissements. Il n’agit définitivement pas comme quelqu’un qui me rencontre pour la première fois. Toujours silencieuse, je le laisse m’entraîner vers le frigo, encore une fois étonnée qu’il soit si bon à mon égard. Il me propose toutes ces poches de sang mais je ne peux pas les accepter, si je finis par perdre le contrôle ils le remarqueront, et s’ils le remarquent je serais envoyée en salle de purge. Ils disent que c’est pour notre bien, mais j’ai horreur de cet endroit.

- Je ne peux pas prendre ces poches, mais je prends conscience de ton aide et accepte tes conseils.

Je parle un peu comme un robot formaté, l’habitude que voulez-vous. N’insiste pas à propos de ces poches Connor, je sais ce que j’ai à y gagner et à perdre en les prenant. Il finit par m’entraîner au salon puis vers la porte d’entrée, là où je vais regagner ma liberté. Je m’apprête à partir mais il prononce une dernière phrase. Il veut que je mène mes recherches et que je découvre la vérité. Et bien Gabriel, c’est tout à fait ce que j’ai l’intention de faire en partant d’ici. Quand je reviendrais te voir, ce sera soit avec la ferme intention de te tuer, soit pour te dire que tu avais raison. Je le regarde droit dans les yeux avant de prononcer ces quelques mots.

- On se reverra bientôt.

Crois-moi, je ne mettrais pas longtemps à réaliser si tu dis vrai ou si tu mens. Maintenant que tu as glissé le doute dans mon esprit, je ferais tout pour obtenir des réponses et ce le plus vite possible. Alors oui, nous nous reverrons bientôt, c’est une certitude. Je quitte les lieux, disparaissant de ce manoir, me dirigeant vers cette unité sans réelle conviction. Il va falloir que je trouve un bon mensonge pour ne pas éveiller les doutes à mon sujet.