Dernier jour

Dernier jour

Ma fin approche, je le sais, je le ressens. Mon corps n’arrive plus à contenir cette énergie. Nohlan aussi l’a remarqué, je crois que ça l’inquiète, mais à quoi bon de toute façon ? Personne n’y peut rien, c’est ainsi, voilà tout. J’ai de plus en plus de marques de brûlures sur le corps, c’est le pouvoir du feu qui détruit le plus mon corps. Sinon il y a ces insomnies et ces cauchemars constants, eux sont dû au pouvoir de l’esprit. Mes pouvoirs sont de plus en plus forts mais mon corps lui est de plus en plus faible, fatigué, maigre, finalement j’attends simplement ce jour de délivrance qui signera ma fin.

Je l’ai enfin trouvé, Alec Mcdowell, et même si ça a été difficile de l’approcher, j’ai fini par le convaincre d’essayer mon plan. Je ne sais absolument pas si cette idée fonctionnera, peut-être n’est-ce que pure utopie, mais que perdons-nous à essayer de toute façon ? Oui, j’ai cette folle idée que lorsque mes pouvoirs se déchaîneront, ils pourront sauver ce monde en rendant tous les strigoïs à leur état d’origine, soit ça, soit ils les tueront tous, en espérant que ça n’atteigne pas les autres espèces. Peut-être ai-je trop d’espoir en ces capacités, peut-être finalement ne suis-je qu’une sorte de bombe nucléaire qui détruira tout sur son passage, mais j’ai envie de croire que je pourrais peut-être amener la paix à ce monde. Après tout pourquoi m’a-t-on envoyé sur Terre sinon ? Je dois bien avoir un but.

Le rendez-vous avec Alec est prévu pour demain. Plus que quelques heures à patienter avant le moment fatidique, avant la paix ou la fin du monde. Je sais que je n’y survivrais pas, mais mon sacrifice vaut bien toutes ces guerres en moins. Si je réussi alors il n’y aura plus de guerres d’espèces, il n’y aura plus de morts, plus de cobayes, plus rien. Est-ce une bonne idée de sortir la veille de mon sacrifice ? Probablement pas, mais je n’en peux plus de rester enfermée et j’aimerais bien profiter de la beauté de ce monde une dernière fois. J’ai donné rendez-vous à Nohlan, lui proposant de me rejoindre au quartier nord une fois que le soleil se couchera. Je crois que ça pourrait me plaire, de passer cette dernière soirée en sa compagnie.

Sinon aujourd’hui j’en ai profité pour me balader un peu, aller dans une fête foraine, tester les attractions à sensations, mais même ça finalement, ça n’aura eu aucun effet sur moi, pas de peur ni d’excitation. Au moins j’aurais essayé. J’ai acheté une glace à la vanille que j’ai finalement offerte à une petite fille, au fond je n’avais pas faim. Je me suis baladée dans un immense centre commercial, essayant de comprendre ce que les femmes trouvaient de bien à cela. Mystère. Essayer des robes est bien plus un calvaire qu’autre chose. Une boutique de grande marque m’a proposé de postuler pour devenir leur nouvelle égérie. Apparemment j’ai le corps idéal pour devenir mannequin, je ne suis pas sûre de savoir comment le prendre, étant donné que tous leurs modèles ressemblent à des sacs d'os, mais après tout c'est un peu ce que je suis devenue moi aussi. De toute façon, je pense que si je devais travailler, ce ne serait pas vers cette voie que je m’orienterais.

Je me suis sentie mal à un moment donné, je manquais d’air dans mes poumons et je sentais ce feu bouillonner en moi. Je crois qu’un homme m’a remarqué, lorsque des flammes sont apparues dans mes yeux, il s’est contenté de me fixer quelques secondes avant de s’éloigner en sortant son téléphone. Alors j’ai quitté ce centre, vérifiant que personne ne me suivait et j’ai tenté de me calmer ailleurs. Un musée, c’est bien pour calmer ses pensées. Je me suis baladée dans ce château remplit d’œuvres d’art et c’est là-bas que j’y ai passé le reste de ma journée.

Finalement cette journée dehors s’est avérée plus épuisante que je ne l’aurais pensé. Peut-être que je vais rentrer après tout, on peut très bien passer la soirée dans son appartement. C’est en tous cas avec cette idée que je m’aventure dans cette ruelle, mais je m’arrête lorsque j’aperçois cette femme qui me fait face et me fixe. Je me retourne, vérifiant si ce n’est pas quelqu’un d’autre qu’elle observe, mais non, il semblerait que ce soit bien moi. Je ne l’ai jamais vu, mais il ne m’est pas bien difficile de savoir qui elle est et ce qu’elle vient faire ici. Sauf que ce n’est pas vraiment le jour pour venir me chercher des problèmes.

- Vous n’abandonnez jamais on dirait. Rentre chez toi soldate, demain soir je ne serais plus un problème pour vous, alors autant éviter une mort de plus.