Ici la Terre, il serait temps que Kyle redescende et se bouge le cul avant qu’il y ait un massacre. Qu’est-ce que je peux faire au juste ? L’empêcher d’obtenir vengeance ? Non, le simple fait de voir ses marques m’a fait ressentir sa douleur, une infime part de ce qu’elle a pu subir. Je ne peux pas l’empêcher de se venger alors que je rêve moi-même d’obtenir la mienne, retrouver l’enfoiré qui a tué ma sœur et le tuer, le faire souffrir avant, puis le tuer ensuite. Ouais je me suis imaginé cet instant des tas de fois, pourtant je me demande ce que je ferais vraiment si un jour je lui tombe dessus. Et toi, que comptes-tu lui faire ? Rien de bien d’après ses mots.
Après un certain temps je décide enfin de me bouger, remarquant qu’elle a encore disparu, mais c’est pas si compliqué de la retrouver, suffit de suivre les cris et d’aller dans la direction opposée vers laquelle les gens courent. Après deux trois bousculements j’entre dans le bar et ne perds pas de temps à aider notre belle déesse de la mort. Ouais parce que je tiens pas à ce qu’elle se fasse tuer, étrangement. Alors je la laisse s’occuper des deux tatoués pendant que je m’occupe des figurants. Allez les gars, il est temps de dégager, y a rien d’intéressant à voir par ici, même moi au fond, je ne pense pas avoir envie de regarder. Entre temps déesse de la mort me tend un flingue. Woh fais gaffe avec ça ma jolie, ça peut tuer ces choses-là, surtout des humains comme moi. J’attrape avec précaution le cadeau qu’elle m’offre, un cadeau volé mais un cadeau quand même. Joli en plus, beau calibre, puis j’ai toujours pensé que les cadeaux étaient précieux. Ouais ça va, pensez plus doucement je vous entends vous moquer.
- Chouette, il se trouve que je sais exactement quoi en faire.
Et sur ces mots, je vise deux trois téléphones d’humains qui se précipitent en dehors du bar, sait-on jamais s’ils veulent appeler, puis faut dire que c’est amusant de bousiller des portables et ça retardera les flics. Ouais les flics, apparemment je suis le seul à penser à eux, heureusement que je suis là. Il n’y a plus personne dans le bar en dehors des gens intéressants et du barman, mais bon je vais pas le virer de chez lui, surtout qu’il n’a pas l’air plus déconcerté que ça par ce qui est en train de se passer, moins que moi en tous cas. Vraiment pas nets les gens de cette ville. Je me tourne vers déesse de la mort et remarque que sa cible est déjà dans un mauvais état, mais apparemment elle est loin d’en avoir fini avec lui. Que comptes-tu lui faire exactement ? Je crois qu’au fond je n’ai pas envie de le savoir. Elle finit par se tourner vers moi et me dire que si je suis une âme sensible, alors je ferais mieux de partir. Merci de prévenir Lucifer Girl, mais avec tout ce que j’ai pu voir, je ne pense pas être une âme sensible, en revanche ça ne m’empêche pas de désapprouver les tortures et ne pas vouloir observer le douloureux spectacle.
Alors oui, je reste là un moment, guettant que personne ne s’approche, buvant une bière que le barman vient généreusement de m’offrir. Gentil ce gars, bizarre, mais gentil. Je continue de surveiller. Je continue de boire quelques gorgées alors que j’entends les hurlements de l’alchimiste à côté. Des hurlements à en donner des cauchemars, pas pour moi, mais pour d’autres je n’en doute pas. Je ne prends pas le temps de finir ma bière, la reposant pour aller les rejoindre, mon regard se posant automatiquement sur les mains flambées de l’homme. C’est que ça sent vraiment mauvais maintenant, et c’est bien moins appétissant que des marshmallows. Je repose mon regard vers déesse de la mort qui pose une question. C’est à moi qu’elle parle ? Je crois bien, m’étonnerait qu’elle pose cette question à sa victime et à part moi il ne reste pas d’autre choix. Je reste silencieux un instant, toujours à ma place, mon regard alternant une ou deux fois entre l’homme puis elle avant que je ne finisse par répondre.
- De la pitié ? J’en sais rien. Pour être honnête je ne sais pas pour qui je devrais en ressentir, je ne pense pas que ce type la mérite. J’ai pas l’intention de t’arrêter dans ta vengeance, mais autant que tu le saches, je suis plutôt contre la torture.
Ouais gentil Kyle est tolérant même avec les méchants, certains d’entre eux ne méritent aucune pitié pourtant, mais je suis ainsi voilà tout, je préfère donner la mort qu’infliger des souffrances. Torturer, c’est se rabaisser à leur niveau. Je n’ai pas envie de finir comme eux. Je n’ai pas envie d’être un monstre en pensant faire le bien, se mentir, c’est pire que d’être un monstre et de le savoir.
- Est-ce que tu te sens mieux en lui infligeant ces souffrances ? Ne penses-tu pas que tu es au-dessus de tout ça ? En le tuant tu l’empêches de faire du mal à nouveau, mais en le torturant, que fais-tu au juste ? Tu deviens ce que tu détestes. Je n’ai pas franchement envie d’assister à ça, surtout que je t’apprécie bien.
Elles sont bien rares, les fois où je parle aussi sérieusement, ça m’étonnerait presque moi-même de l’être autant, mais je ne pense pas que ce soit un sujet qui laisse place à l’humour, alors je m’adapte à la situation. Que comptes-tu faire maintenant ? Et moi là-dedans ? Je vais probablement t’abandonner là, je te l’ai dit, je n’ai pas tellement envie de voir ça, je n’éprouve pas de plaisir dans la souffrance d’autrui. Alors je finis par contourner le cadavre et passer derrière elle avant de m’arrêter encore quelques secondes pour lui adresser ces quelques mots.
- Essaies de ne pas tuer d’innocents dans ton désir d’assouvir ta vengeance, je ne voudrais pas avoir à te chasser.
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Sujet: Re: Tuer ou être tué Mar 23 Aoû - 22:55
Tuer ou être tué
Ehlena & Kyle
Il avait encore de l’innocence dans ce chasseur, un quelque chose qui aurait pu être fascinant dans une autre circonstance. Dans cette salle, il devait bien être le seul à l’être encore. Il prétendait tuer du monstre, et de ce que j’avais pu observer, il avait réussi à le faire cette fois. Mais il croyait aussi que ce monde était bon et qu’on pouvait encore s’en émerveiller. Non, le monde est gangrené et on finit tous par devenir aussi pourri que lui. On finit tous sans âme, sans but, sans vie et bientôt avec une mort. Ça sera le cas de cet alchimiste. Il mourra. Avec douleur, avec lenteur, avec rage et désolation. Il mourra comme il aurait dû s’assurer que je meurs. Je suis en vie, un peu par son fait et je suis morte, également par son fait. Quelque part, il était mon bourreau tout comme d’autres visages étaient les bourreaux d’Henry. Et pour cette raison, il ne survivra pas à ce jour. Maintenant il reste à déterminer le niveau de douleur qu’il endurera avant de partir rejoindre l’éternelle souffrance des enfers.
Je me débarrasse du gêneur en trop et je donne son arme au chasseur. C’est plutôt approprié que ce soit lui entre tous qui se promènent avec une arme en main. Il ne lui restera plus qu’à abattre le loup chez mère-grand… Enfin, il faut que je me concentre. J’ai après tout mon meurtrier et tortionnaire devant moi. Bien que fasse à un suicide assisté… Est-ce qu’on peut réellement parlé de meurtre ? Ils m’ont forcé à me noyer, encore et encore. Mais c’est moi qui ait agit pour que cette fois soit la dernière… Du moins c’est ce que je croyais. Non. Il faut que j’arrête de penser, que je commence à agir. Et c’est ce que je fais. J’attrape de l’alcool, l’échangeant contre un peu d’argent, histoire que ce commerçant ne perde pas sa soirée à cause de ma visite, ainsi qu’un briquet. Et je sors avec ma proie après avoir prévenu l’humain de ne pas me suivre s’il avait le cœur aux bords des lèvres… C’est étonnant d’ailleurs que je me rappelle toujours de sa présence. D’habitude, j’oubliais tout. A propos des autres, des visages inconnus comme je les appelais, au bout de quelques minutes… Mais lui pas encore. Enfin, demain je l’aurais sans doute oublié.
Je commence. A agir. A agir contre l’homme qui a détruit une bonne part de ma vie. Les seuls lieux qui ont été épargnés sur mon corps, c’était mon visage et mes extrémités. Alors, il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit ses parties de son corps que je détruis. Au moins le message sera clair. Pour lui comme pour les autres. Pour moi aussi. C’est étrange, ce mélange de pureté et de laideur. Son visage dissimulait sa laideur qui est maintenant visible pour tous… Et moi, j’avais une apparence de pureté. Mon visage aurait pu le paraître encore sans cette expression lointaine j’imagine… Mais mon âme est détruite, ce qui reste de mon cœur est noir, laid… On se complète, monstre. On est devenu les deux pièces d’une même âme. Grâce à tes actions. Et grâce à ma conclusion ce soir. Est-ce que ce tableau déclenche ta pitié, chasseur ? Tu prends ton temps pour me répondre. Le spectacle te soulève peut-être le cœur. Pas moi. Il me glace ce qu’il reste de cœur… Il me fait comprendre à quel point ma fin est proche. A quel point je ne suis plus rien. C’est intéressant. Amusant. Ils ont déclenchés une bombe à retardement, elle a déjà détruit mon âme et mon cœur. Il ne me reste plus que mon esprit. Il ne me reste que des brides de souvenirs, des brides qui me rappellent le sens de la morale, qui m’empêche de tout détruire sous la rage. Mais il ne me reste pas assez pour ressentir. Et c’est tant mieux. Je ne peux pas me permettre d’être en deuil. Je ne peux pas me permettre de rester une journée à pleurer. Je n’ai pas de temps à perdre. Jamais. J’ai engagé une course contre la montre mais la finalité sera toujours la même : la mort. Soit celle de mon esprit, soit celle de mon corps. Mais je n’y survivrais pas et ça me soulage. Parce que j’en ai marre parfois. De courir. Et je pense. Non je sais. Je sais que c’est pour ça que je vois mon protecteur un peu plus chaque jour. Et je sais que le jour où je le verrais vraiment… Je sais qui je verrais. Et je sais qu’il me délivrera le coup fatal. Je sais que le jour où je contemplerais son visage, je vivrais ma dernière heure.
Tu reprends la parole, me ramenant à la réalité. C’est vrai. Je t’avais posé une question. Enfin j’avais posé une question et tu as finis par la prendre pour toi. Par la prendre en considération pour m’offrir ton cœur. Ne parles jamais avec autant de cœur, on pourrait te l’arracher… Ça serait dommage. Tu perdrais cette dernière lueur d’innocence. Tu es contre la torture. Je l’ai compris. Mais je ne comprends pas pourquoi. Torture va avec vengeance, vengeance va avec douleur. La douleur vient de la torture. C’est le serpent qui se mord la queue. Un cycle infini, le cycle de l’oméga. On ne le changera pas. Je plante mes yeux dans les siens pour y voir une lueur sérieuse qui me paraît déplacé. Je ne l’interromps pas, je veux connaître son raisonnement jusqu’au bout, même si je ne le comprends pas. Est-ce que je me sens mieux ? Non, je suis vide. Mais je le suis depuis des semaines maintenant… Est-ce que je suis au-dessus de ça ? Non, je ne crois pas. Tu me prêtes des attentions que je n’ai pas. Je fais parti du pire de cette société. Une moroï dissidente, folle, ayant survécu à la mort, ayant été torturé jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’elle, avant d’être transformé en jouet à mâché. Je ne suis pas au dessus. Je suis en dessous et je le vis bien. Quand à ce que je fais ? Non, je ne crois pas devenir ce que je déteste. Pour ça, il faudrait que je tue Henry. Et ce n’est pas possible. Je comprends la science. Je comprends la torture. Mais je ne comprends pas comment les deux peuvent s’allier. Ce qui me fait m’arrêter de réfléchir, c’est cet aveu. Ce mot : apprécier. Ce mot qui est vide de sens à mes yeux. Je n’ai jamais aimer qu’un homme. Et ensuite, j’ai eu des connaissances, que je n’ai pas eu le temps d’apprécier. Alors qu’est-ce que c’est apprécier, finalement ? Tu t’éloignes et je te suis du regard un instant, jusqu’à ce que tu me parles de chasse. Ça c’est des mots que je peux comprendre. Apprécier même. Je m’éloigne de quelques pas de ma cible, sachant que mon protecteur s’en occupera, pendant que je rattrape le chasseur le dépassant pour être face à lui. C’est la première fois que je me retrouve aussi proche de lui. C’est étrange. Trop. Un peu trop intense également. Mais je veux voir ses yeux. Je veux y saisir les nuances qui me manquent. Les couleurs que je ne possède plus. Son innocence, sa lassitude, son envie de se battre. Tellement d’émotions. Là où je n’en ressens plus. Là où je ne laisse personne m’atteindre. Je murmure doucement, interrompant enfin le silence, tout du moins aussi silencieux que la rue puisse l’être avec les halètements de douleur de l’alchimiste qui tente de se faire oublier…
« Il y a une grande différence entre toi et moi, chasseur. Tu possèdes encore une âme, encore un cœur. Tu ressens. Pas moi. »
Je tourne mon regard vers l’alchimiste, par-dessus l’épaule de cet humain. J’hoche la tête, un petit mouvement et mon protecteur lui arrache le cœur. Le monstre se meurt en une seconde. Trop rapide. Bien trop rapide. Mais finalement… C’est à moi qu’il a fait du mal. Et je me suis oublié depuis si longtemps. Alors pourquoi est-ce que je mériterais une vengeance ? Je continue à parler, sans le regarder dans les yeux, pas encore.
« Il m’a tué, tu sais. Je les ai laissé faire. Une fois. Mais les autres fois… Il a été de ceux qui m’ont noyé à répétition. De ceux qui m’ont ouverts en deux pour m’étudier. De ceux qui se sont réjouis de mes cris avant que ma voix ne se brise. De ceux qui ont versé de l’acide sur ma peau jusqu’à ce que mes os apparaissent. De ceux qui m’ont maintenant quand j’ai tenté de Le libérer. De ceux qui était présent quand ils l’ont tué. »
Je tourne de nouveau mon regard vers lui. Est-ce que tu m’écoutes ? Moi-même, je ne m’écoute qu’à travers un tunnel. Je ne comprends que la moitié de ce que je dis. Je suis de nouveau avec lui. Et je vois mon protecteur qui se rapproche… Qui se rapproche et qui s’éloigne. Au fil de mes souvenirs. De mes pensées. Il est toujours là. Il a toujours été là. Depuis ma renaissance jusqu’au retour d’Henry. Et à sa mort, il m’est revenu. Je n’ai jamais été seule. Mais ce n’est pas pour autant que je me sens moins vide.
« J’ai brûlé ses mains et détruit son visage car c’est la seule partie qu’il n’a jamais détruit chez moi. C’est la seule partie qu’il a préféré caressé de ses mains immondes. Si je dois devenir un monstre pour tous les tuer, je le deviendrais. Et quand j’irais trop loin, quand je sentirais que la limite sera franchie et quand ils seront tous morts… Alors je viendrais voir si tu n’as qu'une parole, chasseur. Ça sera à toi de me tuer si je ne meurs pas avant. »
Dernière édition par Ehlena Adams le Jeu 1 Sep - 12:12, édité 1 fois
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Sujet: Re: Tuer ou être tué Mer 31 Aoû - 13:39
Tuer ou être tué
Ehlena & Kyle
Qu’est-ce qu’on fait là Lucifer Girl ? Ou plutôt qu’est-ce que moi je fais là ? Je me suis perdu à cause de toi et maintenant je n’arrive plus très bien à savoir ce que je suis censé faire. C’est une question de vengeance, une question de souffrance, une question de besoin. Je peux comprendre tout ça, on a tous un passé, on a tous une histoire, tous quelque chose à accomplir. Le tiens est bien plus douloureux que toutes les personnes que j’ai connu jusqu’à présent, mais tu peux le surmonter, tu peux avancer. J’aimerais t’y aider tu sais, mais après tout on se connaît à peine, je ne suis pas sûr que tu accepteras que je me batte pour toi. Je me dis moi-même que je ferais probablement mieux de passer mon chemin, avant que toute cette histoire ne dégénère, avant de voir quelque chose que je n’ai pas envie d’observer. Oui, mieux vaut que je te laisse, déesse, je n’ai pas envie de changer mon opinion sur toi.
Maintenant tu connais mon avis, tu sais que je suis contre la torture, tu sais ce que tu risques de perdre à travers ta vengeance. Peut-être n’en auras-tu rien à faire de mes conseils, de mon point de vue, mais je me devais de te le donner, ça aurait été hypocrite de mentir ou de partir sans rien dire alors que c’est moi qui t’ai mené jusqu’ici. Maintenant tu sais, maintenant je m’en vais. Fais-moi seulement plaisir de ne pas tuer d’innocents dans ta quête de vengeance, car peu importe que tu sois bonne ou mauvaise, que ce soit un accident, je vengerais toujours les morts innocents. Je commence à m’éloigner, prêts à la laisser assouvir sa vengeance pendant que je rentrerai probablement chez moi, je pense en avoir fait assez pour ce soir.
Sauf qu’étonnement Lucifer Girl me rattrape, moi qui pensais qu’elle n’en avait pas grand-chose à faire de ma présence, peut-être que je l’ai plus touché que je ne l’aurais cru. J’en sourirais presque, si nous n’étions pas dans une telle situation. Je m’arrête lorsqu’elle me rattrape, plongeant mon regard dans le sien, écoutant ce qu’elle a à me dire, après tout elle a bien le droit de s’exprimer elle aussi. Elle me dit qu’elle ne possède pas de cœur, mais je ne crois pas en ces mots. Ce n’est pas vrai, tout le monde a un cœur, c’est juste que le tiens est bien caché. Tu mens au monde et tu te mens à toi-même, mais tu ne me mentiras pas à moi, je refuse de croire en ce mensonge. Si tu n’avais pas de cœur, tu serais comme ces monstres que je chasse, pire qu'eux peut-être, et tu es loin de leur ressembler, loin d’être un monstre à mes yeux. Si tu n’avais pas de cœur, je ne me serais pas attaché à toi en une heure à peine.
Je la vois regarder par-dessus mon épaule et je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir ce qu’elle fait, les gémissements dans mon dos sont assez expressifs, mais au moins il n’aura pas souffert trop longtemps. Est-ce pour moi que tu t’es finalement contentée de l’achever ou parce que tu as compris que tu pouvais t’en sortir ? Je ne sais pas, peut-être qu’un jour j’aurais la réponse. Le silence revient, pesant, mais pas longtemps. Elle reprend la parole, exprimant ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a ressenti et au fond j’ai mal pour elle. C’est ça de trop ressentir, d’avoir un cœur, on culpabilise pour les autres, on ressent leurs émotions. J’aurais aimé que tu n’aies pas eu à vivre cet enfer, tu ne le mérites pas, personne ne mérite d’avoir un sort pareil.
Je ne sais pas quoi dire, il n’y a pas de mots pour réconforter ce qu’elle a vécu, alors je reste silencieux, me contenant de l’écouter, de ne pas me laisser envahir par de trop intenses émotions. Je ne sais pas quel sentiment je ressens le plus entre colère, culpabilité et compassion. Finalement elle s’arrête, concluant par des mots qui me plaisent bien moins. Je te l’ai dit déesse, je n’ai pas envie de te chasser, alors fais-moi plaisir de te concentrer sur ta vengeance et de ne pas y mêler de vies innocentes. Le silence pèse entre nous de longues secondes. Que suis-je censé dire ? Moi qui parle habituellement beaucoup, je me retrouve stupide maintenant, à me taire alors qu’elle a terminé de me parler. Finalement ce ne sont pas des mots mais des gestes qui me viennent en premier. Je prends le risque qu’elle me repousse, je prends le risque qu’elle m’étouffe avec son pouvoir, je prends le risque qu’elle me broie. Oui, je prends ce risque là pour elle, pour la réconforter, du moins un minimum en la prenant dans mes bras. Premier contact entre nous, peut-être le dernier si elle décide de me le faire payer, mais tant que je suis encore vivant, je vais en profiter pour parler maintenant.
- Contrairement à ces enfoirés je n’ai pas besoin de te torturer et de t’ouvrir la poitrine pour savoir qu’il y a un cœur qui bat en dessous. Si je pouvais remonter le temps et t’empêcher toutes ces souffrances, je le ferais pour toi, déesse, parce que je sais que sans ces monstres, tu aurais été quelqu’un de bien et je ne cesserais pas de croire que tu pourras le devenir une fois ta vengeance accomplie.
Je suis toujours vivant, j’imagine que c’est une bonne chose. Je finis par la relâcher mais ne m’éloigne pas d’elle, restant juste en face, mon regard plongé dans le sien alors que je reprends la parole. Oui, encore, faut croire que la pipelette n’aura pas disparu bien longtemps. J’espère que ça ne t’agacera pas trop déesse.
- Je te l’ai déjà dit déesse, je n’ai pas envie de te chasser, alors laisse-moi plutôt t’aider. Je t’aide à leur mettre la main dessus si tu t’engages à ne pas tuer de vie innocente. Tu auras quartier libre sur les tortures, mais ne compte pas sur moi pour t’aider ou regarder. Mais une fois que ce sera terminé, une fois qu’ils seront tous morts, je veux que tu me promettes de me laisser une ouverture pour te ramener.
Car après tout ce sang versé, après toutes ces tortures, tu ne seras plus la même. Ou plutôt non, ce sera plutôt le fait que tu n’aies plus personne à abattre qui t’anéantira, car tu auras accomplis ta vengeance et tu n’auras plus de but, tu n’auras plus que le vide. Alors oui déesse, je ne compte pas te laisser tomber lorsque tu seras au plus bas et je veux que tu me laisses cette ouverture, je veux que tu me laisses cette possibilité de t’aider à aller mieux. Je ne sais pas pourquoi je m’engage autant pour toi alors que je ne te connais même pas, je suis peut-être fou, mais j’y tiens, c'est tout. Oui, je suis bien stupide de m’investir autant pour une fille dont je ne connais même pas le prénom, mais allez savoir, ça doit être son regard qui m’attendrit, en tous cas je ne reviendrais pas en arrière.
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Sujet: Re: Tuer ou être tué Jeu 1 Sep - 12:46
Tuer ou être tué
Ehlena & Kyle
Expliques-moi, chasseur, que vois-tu dans cette situation qui te donne envie de rester ? Je ne comprends pas les hommes. Je ne comprends pas les gens qui ressentent. J’ai été entouré de monstres, d’ersatz de l’humanité. Des déchets qui m’ont transformée en celle que je suis. En cette femme qui n’a plus rien à perdre, qui n’a plus rien en elle. Plus de sentiments, plus d’humanité, juste un reste de conscience. Alors oui, chasseur, je comprends que tu souhaites faire demi-tour, que tu souhaites oublier cette soirée. Mais je ne comprends pas que tu apprécies, semble-t-il, cette rencontre. Il y a encore une heure, j’aurais dit que je m’en fichais. Comme tout. Comme de tout. Mais en fait, je suis curieuse. Du moins, je crois que je le suis. Finalement, je veux bien tenter de te comprendre. Mais il faut que tu comprennes aussi quelque chose. Je ne suis pas cette femme que tu as dû idéaliser. Je n’ai pas de cœur, il est mort quand Lui est mort. Et je ne tenterais pas de le retrouver. Je laisse déjà les dernières parcelles de mon énergie pour tenter de garder l’équilibre entre la morale et l’amoralité… Ne m’en demandes pas plus car de toute façon, je ne t’écouterais pas.
Je l’ai rejoins mais je suis proche. Trop proche. J’ai bien envie de faire un pas en arrière, de faire dix pas en arrière. Je n’aime pas, être proche des autres. C’est la meilleure façon de se faire blesser. Ouvrir. Découper. Etudier. Tes yeux m’étudient mais pour l’heure, tu n’as pas encore tenté de m’attaquer. L’aurais-tu fais si je ne t’avais pas montré mon pouvoir de moroï ? Peut-être. Tu aurais du. Je t’aurais surement tué et ensuite, j’aurais continué cette journée comme si de rien était. Il m’aurait manqué une cible… Mais il n’est pas le plus intéressant. C’est moi qu’il a blessé et… Ce n’est pas comme si je méritais une quelconque vengeance. Je sais que c’est moi qui ait provoqué le retour de ces immondices dans nos vies. Je sais que c’est mes remous, mes morts, mon inhumanité, qui leur ont permis de nous retrouver, Henry et moi. Sans moi, il serait surement encore en vie. Alors non, je ne mérite pas cette vengeance. C’est pour cette raison que je peux le tuer sans le regretter. C’est pour ça que je peux te regarder dans les yeux. Il n’a rien à sauver, comprends-le chasseur, parce que tout a déjà été détruit. On peut recoller ce qui a été fêlé, mais on ne peut pas reconstituer ce qui a implosé.
Aurais-tu donné ta langue au chat, chasseur ? Peut-être. C’est assez intéressant de t’observer hors de ton élément. Mais je ne compte pas rester plus longtemps. Je t’ai fais comprendre mon point de vue. Je t’ai fais comprendre que je reviendrais te voir le jour où je désirerais mettre fin à ce semblant de vie… A toi de t’y préparer maintenant. Je m’apprête à repartir quand il se décide à réagir. A réagir de la mauvaise façon. Non, lâches moi ! Je sens mon corps se raidir mais en même temps, je m’éloigne de ce corps, de ce qu’il reste de mon corps. Je ne peux pas être dans cette position, c’est impossible. Mais si, je sens son corps contre le mien, le tissu de ses vêtements contre mes bras nues et la peau de son cou qui frôle mon visage. Je déglutis avec difficulté, cherchant du regard mon protecteur mais il n’agit pas, comme figé. Pourquoi ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Et toi, l’humain ? Lâches-moi. Lâches-moi, je t’en prie, ne m’approches pas. J’entends à travers le bourdonnement de mes oreilles qu’il parle. Mais le sens de ses mots, je ne le comprends pas. Je ne peux pas le comprendre. Je ne peux que tenter de survivre. Est-ce qu’il va sortir une lame pour commencer à trancher ma peau lui aussi ? Quand est-ce que la douleur va arriver ? Bientôt, j’en suis persuadé. Mais il s’éloigne et j’arrive à reprendre une petite et sifflante respiration quand mon regard croise ses yeux sombres. Il y avait une lueur que je ne comprenais pas là dedans mais aucune envie de me faire du mal apparemment. Je ne comprends pas. Alors pourquoi cette étreinte ? Pourquoi est-ce que t’as voulu faire ça ? Il parle de nouveau et cette fois, je peux comprendre ce qu’il dit. Parce qu’il ne me touche pas, plus. Et que je reprends le contrôle. Le contrôle du tremblement de mes mains, que je cache dans mon dos, le contrôle de mon cœur qui s’était accéléré et de mon souffle qui me revient enfin. Ne recommences plus jamais. Plus jamais. Il veut apparemment m’aider et que je lui promette de lui laisser une ouverture. Pourquoi une ouverture ? Pourquoi tu voudrais me ramener ? Tu ne veux pas me laisser enfin en paix ? Je ne serais jamais plus heureuse que si je meurs enfin… Si je le rejoins après les avoir tous entraîné dans la mort… Je recule, de quelques pas, jusqu’à ce que mon dos rencontre le mur. Au moins maintenant, il y a une distance. Je pourrais le voir venir, je pourrais réagir.
« Ne me touches plus. Plus jamais. N’y penses même pas. »
Je voudrais que ça paraisse une menace mais je crois que même un idiot pourrait se rendre compte des sentiments qui se bousculent dans ma voix. Peur, folie, horreur, incompréhension. Non, je ne veux pas ressentir aussi fortement. Je ne peux pas me le permettre, pas avant de les avoir tous tué. Je ferme les yeux, un instant, le temps de reprendre le contrôle. Mais je n’y arriverais pas tant que je ne serais pas seule, je le sais. Alors je lui réponds, tentant de parler aussi impassiblement que possible.
« Si je dois tuer des innocents pour que tu tiennes parole, je le ferais. Je n’en ai rien à faire de devenir un peu plus monstrueuse à tes yeux. Le jour où tout sera fini, il est possible que tu ne me vois même pas, que tu n’ais pas besoin de tenir ta promesse. J’ai quelqu’un d’autre qui s’en chargera, je n’ai pas besoin de tes discours. Si tu veux sauver une âme, t’as du choix dans cette ville. Mais ne tentes pas de me sauver moi, je ne le veux pas. »
Je veux juste qu’on me laisse tranquille. Je les tuerais. Je les torturerais pour ceux qui ont commis le plus grave des crimes… Puis je disparaîtrais. C’est le plan. Ça a toujours été le plan. Et tu n’es pas obligé d’en faire parti. Je croise de nouveau son regard, une autre fois. Peut être la dernière. Je me retrouve pour la première fois à espérer que ce soit la dernière. Parce que je suis certaine que son visage, je ne l’oublierais pas. Et pour une fois, pour une fois… Je me retrouve à me demander si c’est lui qui devrait disparaître ou moi. Pour que la Terre retrouve son axe habituel…
« Si tu tiens réellement à me faire plaisir, promets-moi de me tuer si j’arrive à tous les avoir. Sinon, pars, chasseur. Tu as des recherches à faire. »
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Sujet: Re: Tuer ou être tué Ven 23 Sep - 18:47
Tuer ou être tué
Ehlena & Kyle
Pourquoi te comportes-tu ainsi, déesse ? Toute cette vengeance ne te réussit pas. Je me demande comment est-ce que je serais moi-même le jour où je verrais ces monstres devant moi, le jour où je pourrais moi-même obtenir ma propre vengeance. Serais-je aussi froid ? Serais-je aussi violent ? Autant attirer par cette envie de faire couler le sang et entendre leurs hurlements ? Je ne sais pas. Peut-être. Peut-être que je me perdrais aussi à travers elle, que je réagirais de la même façon que Lucifer Girl. Nous verrons bien, si ce jour arrive du moins. J’ai toujours voulu faire payer à ces types la mort de ma sœur, pourtant c’est vrai que je ne suis pas forcément pressé d’en arriver au jour J. Tous ces combats, toute cette quête que je mène depuis des années, j’ignore comment je deviendrais le jour où j’aurais accomplis mon but, le jour où il n’y aura plus que ce vide. Oui, je nous plains, car en soit Lucifer Girl et moi sommes pareil, nous avons le même but, mais pas les mêmes souffrances ni le même passé. Espérons au moins que notre avenir soit meilleur que notre présent.
Tu as mal Ehlena. Je le sais, je le vois et je le sens, même si tu t’obstines à croire que tu n’as pas de cœur, je refuse de le penser. C’est faux et j’aimerais que tu vois la même chose que moi. J’aimerais que tu vois la femme qui se tient debout devant moi malgré tous les malheurs qui lui sont tombés dessus, magnifique malgré toutes ses cicatrices. J’aimerais que tu vois ces yeux qui veulent prouver au monde qu’ils ne ressentent plus rien mais qui au fond ont simplement besoin d’un soutien, besoin de quelqu’un pour comprendre ce qu’ils expriment véritablement. J’aimerais que tu vois cette poitrine battre grâce à un cœur bel et bien présent, celui que tu as voulu enfouir, celui que je sais être là, celui que j’aimerais pouvoir sauver de toutes ces barrières qui le gardent prisonnier. Se renfermer, c’est la pire solution que tu aies pu trouver. Je le sais car j’ai fait la même chose, depuis trop d’années maintenant et parfois je le regrette. Ce n’est pas de notre faute en réalité, c’est ce monde qui nous a forgé ainsi, mais je ferais en sorte de te sortir de cette sphère infernale parce que tu le mérites, parce que même si on se connaît peu, je n’ai pas envie de te voir tomber.
Je la relâche après cette étreinte, la laissant reprendre son souffle qui semble avoir été coupé, la laissant retrouver ses esprits qu’elle semble avoir perdu à cause de ce geste. Tu vois déesse, je ne te veux pas de mal, je te l’avais bien dit. Tu peux te détendre maintenant, ou plutôt non, continue ainsi, j’aime voir ce regard, celui qui se bat avec diverses émotions, celui qui ne comprend pas, mais celui qui vit et ressent. Tu vois, que tu en es capable, il suffit juste de te pousser un peu. Je la vois se reculer jusqu’à être dos au mur, m’ordonnant de ne plus jamais l’approcher. J’en culpabiliserais presque si au fond je n’étais pas fier de moi, fier de la faire ressentir quelque chose alors que je ne suis personne. J’essaie de cacher un léger sourire que je l’espère elle ne prendra pas mal si elle le remarque. Je ne m’excuse pas pour cette étreinte, je ne la regrette pas, je lui laisse juste le temps qu’il faut pour retrouver son calme.
Sauf que je crois que je la préférais perturber finalement, car les mots qui suivent ne me plaisent pas, vraiment pas. Tu parles de morts d’innocents comme si aucune de leurs vies ne comptaient pour toi. Tu parles de ta propre vie comme si elle était insignifiante. Tu veux tuer et tu veux mourir. Est-ce donc une vie ? Non, je n’approuve décidément pas tes paroles ni tes provocations. Pourquoi tiens-tu tant que ça à ce que je te tue ? A ce que quelqu’un d’autre s’en charge ? Pourquoi ne te donnes-tu pas une chance de vivre à nouveau ? Essaies, qu’y perdrais-tu ? Oui, ses mots m’énervent et lorsqu’elle termine je ne peux m’empêcher de réagir.
- La vie n’a donc aucune signification à tes yeux ? Celle des autres. La tienne. La mienne aussi sans doute. Est-ce qu’une gamine innocente mériterait de mourir juste pour que je me lance à ta poursuite ? Est-ce que tu n’as aucun espoir en l’avenir ? Est-ce que tu méprises tout le monde autant que ta propre vie ?
Je m’approche d’elle en sortant une lame, plaçant la pointe au niveau de sa poitrine, juste devant son cœur. Je la touche à peine, sans lui faire le moindre mal, sans verser une goutte de sang. J’aimerais juste pouvoir la secouer, lui faire ouvrir les yeux, lui faire comprendre. Bon sang réveille-toi !
- Je devrais peut-être te tuer maintenant pour empêcher des enfants de devenir orphelins, un mari de devenir veuf, un frère de subir la perte de sa sœur sans pouvoir réagir.
J’aurais peut-être dû citer un autre exemple que ce dernier étant donné qu’il me concerne directement, mais ça elle n’a pas besoin de le savoir. Je reste ainsi, devant elle, silencieux. Oui, je devrais le faire pour sauver des vies, mais alors je ne sauverais pas la sienne. Tu es en train de me rendre dingue, déesse, et je t’avoue ne pas spécialement apprécier cela. Je finis par relâcher ma prise, laisser la lame tomber à nos pieds, m’écarter à nouveau de son corps.
- Ou peut-être que c’est à toi de me tuer, puisqu’aucune vie ne semble avoir d’importance à tes yeux.
Oui, pourquoi une fois de plus n’as-tu pas réagit alors que cette fois je te menaçais ? Qu’attends-tu au juste pour me faire mordre la poussière ? Tu n’es pas la seule à ne pas avoir peur de la mort. Montre-moi de quoi tu es capable, exprime-toi, frappe, torture, tue, mais fais-le contre moi plutôt que sur un innocent qui a encore des tas de choses à vivre. J’écarte les bras, comme si je lui donnais le feu vert, comme si je lui disais de se lâcher, car après tout c’est bien ce que je suis en train de faire.
- Qu’attends-tu pour réagir ? Montre-moi ce que tu ferais à ces innocents. Est-ce que tu les étoufferais pour s’être inquiété pour toi ? Est-ce que tu leur briserais les membres pour t’avoir frôlé ? Est-ce que tu leur arracherais les yeux pour t’avoir regardé ? Fais-moi voir, après tout je m’inquiète pour toi, je t’ai touché, et là je suis en train de t’admirer. Alors vas-y, montre-moi quel sort je mériterais de subir pour avoir commis toutes ces fautes.
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Sujet: Re: Tuer ou être tué Mar 25 Oct - 19:13
Tuer ou être tué
Ehlena & Kyle
Un chasseur, un futur cadavre ou un futur chasseur expérimenté ? Si tout va comme je le souhaite, je ne connaîtrais pas cette réponse. Je lui ai donné les cartes pour qu’il prenne son destin en main, pour qu’il possède toutes les connaissances nécessaires. Je ne comprends toujours pas pourquoi j’ai fais cela, mais soit… Par contre, ce que je ne comprends pas, c’est ce qu’il fait toujours à mes côtés, bien des minutes plus tard. Mes rencontres ne durent jamais longtemps, à moins que ce ne soit des ennemis. Mais tu m’as conduis à un ennemi alors je peux bien reporter ces questions à plus tard.
Des règles. Je déteste les règles mais elles sont parfois nécessaires. La plus importante, presque la seule, ne pas me toucher. Jamais de contacts. Sinon je perds le contrôle. Et tu ne veux pas voir ça. Je ne veux pas le ressentir non plus. Je déteste les contacts. Je déteste la sensation d’une chair contre une autre. Je déteste ce que je ne peux contrôler. Je déteste perdre le contrôle de mes sentiments. Je déteste ce que tu fais, chasseur. Je ne connais pas ton nom, je ne peux nommer ce que je ressens face à ton visage mais je sais que maintenant, la crainte m’accompagnera. Que tu te permettes de me retoucher. Mais si tu le fais…. Je te tuerais. Je sais. Depuis tout à l’heure, je parle de ma mort. Mais ce que tu n’as pas compris, c’est que, quelque soit tes mots, je mourrais. Je le suis déjà. A l’intérieur. Il n’est que justice que ce le soit également à l’extérieur. Je te parle de vies innocentes car il semble que ce soit ce qui te fasse réagir. Je ne veux pas tuer d’autres personnes que mes cibles mais s’il le faut… Ce n’est pas comme si ce serait la première fois après tout…
Tu réagis. Décidemment chasseur, tu sembles bien décider à protéger les innocents de moi. Tant mieux. Tant que tu ne comprends pas ce qui peux se cacher derrière tout ça… Tu me parles de vie. Tu as raison. La vie n’a aucune importance pour moi. Seul la mort m’importe. Celle de mes ennemis et la mienne. La mienne n’aurait pas compté s’ils n’avaient pas déjà tuer mon cœur. Mais cela, tu sembles vouloir l’ignorer. On est deux êtres obtus, chasseur. Mais je peux également devenir sourde, aux besoins, contrairement à toi, ce qui me permettra de gagner ce petit tête à tête. T’attends-tu à ce que je réagisse à tes mots ? Tu devrais le comprendre, depuis le temps, je n’entends que la moitié de ce qu’on me dit et je n’ai réagis qu’au tiers de ce que j’entends. Est-ce qu’avec ce petit rappel, tu comprends que tu ne risques pas d’obtenir une réponse ? A dire vrai, ce qui attire mon attention, c’est surtout son rapprochement. S’il me touche encore, je mets en parenthèse mes principes et je tuerais de ma propre volonté, de mon propre choix, cet homme. Heureusement pour lui, il ne le fait pas. Il ne fait que me menacer d’une lame. Idiot. As-tu idée du nombre de fois où une lame s’est approchée de mon cœur. Puisque tu tiens tant à jouer à cela… Je m’approche un peu, laissant un peu de mon sang couler sur cette lame. Est-ce que tu vois maintenant ? Je n’ai pas peur de la mort. Accomplis donc ton devoir de chasseur, si tu l’oses, mais saches que je te haïrais à jamais pour l’injustice qu’aura subi Hen… qu’Il subira par ta faute.
Sauf que visiblement, le chasseur n’en a pas terminé. Il laisse retomber la lame sur le sol et pour une fois, je ne suis pas celle qui s’écarte. Sauf que cette fois, il me propose de le tuer. Intriguant. Jamais personne ne s’est sacrifié. Ni pour m’écouter, encore moins pour me convaincre. Mais penses-tu que je réagirais pour autant comme tu t’attends ? Il continue sa petite tirade, qui n’a l’air de ne jamais se terminer. Tu attends que je réagisse ? Pourquoi ? Pour voir la mort arriver ? Crois-moi, il vaut mieux que tu ignores quand celle-ci viendra te frapper. La mort est bien plus douce que l’instant qui la précède. Il parle, encore et toujours. N’arrête-t-il jamais ? Question idiote, j’ai déjà pu remarquer que oui.
« Inquiétude et admiration ? Chasseur, tu as perdu la tête. »
Ou est-ce moi ? A l’écouter, j’ai fini par perdre ma faculté de me concentrer. Je n’ai jamais prêté autant d’attention à quelqu’un d’autre qu’Henry, cela doit être pour cela. En plus de ses phrases étranges, cela a fini par me déconcerter. Je retrouve le contrôle, cet état où rien ne m’atteint vraiment. Non, en fait, je l’ai retrouvé dès qu’il m’a menacé de cette arme. Les scalpels sont de vieux amis, je compose avec eux sans même y réfléchir, je m’anesthésie 12sans problème. Je fixe son regard sombre, joli, défiant. Peut être furieux, peut être lassé, je ne sais pas. Je ne l’identifie pas réellement. Tu penses que je me dirige vers le chemin de la monstruosité mais que j’ai encore un cœur… Eh bien… Je suppose qu’il ne tient qu’à moi de te démontrer le contraire. Est-ce que je devrais perdre ce temps ? Peut-être. Il m’a fait rayé un nom sur ma liste, je peux bien lui accorder les armes pour qu’il survivre après ma mort. En renforçant son cœur… Et en lui apprenant à ne jamais se laisser émouvoir.
« Ton sacrifie ne sert à rien. Ceux qui me touchent, je les tue. Je ne les vois même pas, je n’entends pas forcément les cris des morts ou des vivants qui s’en rendent compte. J’agis. Mais ne t’inquiète pas, je réserve l’arrachage des yeux et les membres brisés pour mes ennemis. Mes parents ont eu une bonne intuition, je suppose, de nommer mon prénom en prenant pour base l’Enfer. »
Je me parle à moi-même. Ou à voix haute. Je ne sais pas trop. Mais oui, Hell n’a jamais été si bien choisi… Bien que tu ne puisses savoir de quoi je parle. Je ne crois pas avoir dis mon prénom. Enfin, ce n’est pas important. Maintenant, tu sauras te battre. Et peut être réfléchiras-tu à ce que ta survie pourrait apporter de plus que ton sacrifie. A toi de revenir grandi de tout cela. Ou mort. Et si c’est ça, je t’attends pour discuter, quelque part dans le futur, quelque part dans l’éternité. Cela pourrait être intéressant. Je ne lui jette pas même un regard quand je tourne sur mes talons pour arrêter cette discussion. C’était intéressant. Mais il ne sert à rien de continuer à discuter. On perd notre temps. Apprends, grandis. Laisses moi perdre les vestiges de mon âme. Et quand on se recroisera, on pourra de nouveau discuter. Ou plutôt, tu pourras agir comme il se doit. A moins que je ne sois vraiment trop loin et que je te tue. Mais je ne l’espère pas pour toi. Cela serait dommage de tuer l’une des dernières parcelles d’innocence de ce monde…